On the road to sustainable consumer products

Différentes mesures existent pour augmenter la durabilité de nos produits, et encourager les consommateurs à consommer mieux. Faisons le tour des mesures déjà établies, et de celles qui pourraient voir le jour.

Crédit: Pexels: Skitter Photo

Introduction

La commission Européenne a récemment ouvert un appel à contribution concernant sa nouvelle proposition en matière d’écoconception pour des produits durables. Cette proposition vise à « soumettre les produits vendus dans l’UE à des exigences en matière de performance et d’information, afin de garantir une plus grande durabilité ».[i]

Les exigences légales sur nos produits ne datent pas d’hier : Nous avons par exemple des normes alimentaires très strictes sur le sol européen. Comme explicité par les documents de la consultation, la commission souhaite améliorer la durabilité et l’information dont disposes les consommateurs européens sur les différents produits vendus sur le territoire. Regardons les mesures informatives qui ont déjà été appliquées et imaginons quelles seraient celles que nous pourrions poursuivre dans le futur.

Ce qui existe déjà

Le 22 septembre 1992, le conseil de l’Union Européenne prend une directive[ii] concernant l’indication de la consommation des appareils domestiques en énergie, et ceux-ci se dotent d’une étiquette-énergie allant de G à A (voit A++ et A+++ dans certains cas). Progressivement, les réfrigérateurs, congélateurs, lave-linge et sèche-linge, lave-vaisselles, fours, climatiseurs, ampoules, lampes et écrans de télévisions se sont dotés d’une indication permettant aux consommateurs de comparer les différents produits selon leur consommation électrique.

La différence entre les produits d’une même catégorie peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Premièrement, la multiplicité des technologies : il peut y avoir plusieurs manières différentes pour un appareil de remplir sa fonction. Par exemple, les ampoules à incandescence (ou à filament) et les LEDs. Deuxièmement, les producteurs d’appareils peuvent choisir d’avoir recours à des techniques de production ou à des matériaux moins performants pour des raisons économiques. Par exemple, plus on améliore l’isolation d’un frigo, plus sa production est coûteuse ; dans le cas du frigo moins isolé, le maintien de la température fraiche s’effectue au travers d’une consommation électrique plus grande.

Choisir l’efficience énergétique comme mesure de comparaison prend alors tout son sens : les consommateurs sont encouragés à aller vers les appareils les plus efficients (qui réduiront donc leur facture d’électricité). Un bon indice encourageant donc l’achat, les producteurs sont poussés à améliorer leurs produits et à continuer leurs efforts constants de recherche et de développement. La directive est donc philosophiquement sensée et a eu un impact réel : les consommateurs ont été mieux informé sur leurs biens de consommations, et ceux-ci ce sont drastiquement améliorés.

Ce qui est implanté maintenant

Pouvoir comparer l’efficience énergétique ne suffit cependant pas pour juger de la qualité d’un produit. Ces dernières années, une pratique commerciale peu scrupuleuse s’est répandue dans certaines compagnies : l’obsolescence programmée. Il s’agit d’une pratique visant à créer des produits de mauvaise qualité et/ou à durée de vie limitée de façon à encourager la consommation. Ici, les exemples sont nombreux et se déroulent malheureusement souvent dans notre vie quotidienne : imprimante qui refuse de fonctionner sans raison apparente (une puce bloque le bon fonctionnement de la machine après un nombre pré-déterminé d’impressions), un téléphone portable devient inutilisable (la mise à jour des logiciels occupe progressivement de plus en plus la capacité de calcul du processeur, rendant les modèles plus anciens progressivement inutilisables), un four tombe miraculeusement en panne deux semaines après l’expiration de la garantie…

Pour freiner ces pratiques et encourager de nouveau la longévité des produits, un nouvel indice a vu le jour : l’indice de réparabilité. Le principe est le suivant : l’indice affiche un score entre 0 et 10, qui est calculé sur la base de cinq critères différents : 1) l’accessibilité de la documentation, 2) la facilité du désassemblage, 3) la disponibilité des pièces de rechanges, 4) le prix des pièces de rechanges, 5) critère spécifique à la catégorie de produits. C’est du moins l’indice de réparabilité tel qu’appliqué en France depuis 2021 ; un texte de loi basé sur nos voisins est en cours de préparation en Belgique. Cet indice n’est cependant pas parfait dans sa version initiale, et est évidemment appelé à évoluer au fil des années[iii]. L’indice de réparabilité est également en cours de discussion au niveau Européen, qui s’inscrit dans la suite logique de l’établissement du « droit à la réparation » (Right to Repair)[iv].

Ce qui se prépare dans le futur

En résumé, nous obtenons désormais une information fiable sur l’efficience énergétique et sur la réparabilité, mais est-ce suffisant pour garantir que le produit que l’on achète est entièrement durable ?

Nous n’avons en effet aucune indication sur la provenance des matériaux que nous utilisons dans nos biens de consommation. Utilisons-nous des métaux issus de zones de conflits ? Les producteurs de ces matières garantissent-ils de bonnes conditions de travails et le respect des droits humains de leurs employés ? Sont-elles issues de l’exploitation abusive de nos sols et sous-sols ou sont-elles recyclées ? Quels seront les impacts de fin de vie de ce produit sur l’environnement ?

Nous le voyons, nous n’avons pas toutes les clés en main pour faire un achat en toute conscience. Pour qu’un produit soit vraiment durable, il faut qu’il le soit tout au long de son cycle de vie : du berceau jusqu’à sa tombe (« from cradle to grave »). Il est évidemment difficile de se procurer ces informations en amont, mais les cadres légaux avancent de leurs côtés, par exemple avec les règles de devoir de vigilance pour les matières premières de la Commission Européenne[v] qui seront censées permettre d’empêcher un certain nombre d’abus des droits humains et environnementaux en amont de la chaine de production.

Nous pourrions imaginer d’autres mesures pour aider les consommateurs à s’informer, par exemple un indice de recyclabilité, qui indiquerait quelle quantité de matière nous pouvons recycler d’un produit donné, ou encore un indice de longévité, qui placerait la durée de vie moyenne d’un produit face à ses concurrents. Notre seule limite est notre créativité ! A terme, tous ces différents indices existants pourraient être regroupés dans un « indice de durabilité », qui engloberait tous les facteurs qui pourraient avoir un impact social ou environnemental.

Enfin, mentionnons qu’au-delà des cadres légaux et informatifs, les politiques taxonomiques pourraient également être un vecteur de changement, par exemple en taxant les produits qui ne sont pas garantis un nombre satisfaisant d’années, prédéterminées par « famille » de produit.

Conclusion

Les différentes règles encadrant nos produits de consommation sur le sol européen ont des objectifs similaires : la protection des consommateurs et l’exigence d’une qualité minimale. Notre rapport à l’environnement évoluant, nos désidératas vis-à-vis de nos produits évoluent également, et les facteurs de durabilités sont de plus en plus pris en compte dans les réglementations : écoconception, réparabilité, recyclabilité…

Les différents indices d’efficience énergétique et de réparabilité (et les futurs autres) ont évidemment un impact sur les habitudes d’achat des consommateurs. En un coup d’œil, il est plus facile de comparer deux produits d’une même famille, et d’orienter son choix selon sa conscience. Il faut cependant rester vigilant aux phénomènes de greenwashing ou de justification de la consommation que cela peut entraîner (« cet appareil est catégorisé « A », je peux donc l’acheter même si je n’en ai pas besoin car il n’a pas beaucoup d’impact sur l’environnement », par exemple).

A terme, ces résolutions politiques auront des effets bien réels sur notre société, nous pouvons l’espérer, en nous poussant à consommer mieux pour réduire la quantité de déchets générés, améliorer la longévité de nos produits, et réduire nos besoins en matières premières, si souvent extrait à haut coût dans d’autres parties du monde.

Arthur Longrée.


[i] https://ec.europa.eu/info/law/better-regulation/have-your-say/initiatives/13682-Nouvelles-priorites-en-matiere-decoconception-pour-des-produits-durables_fr

[ii] EUR-Lex – 31992L0075 – EN – EUR-Lex (europa.eu)

[iii] Le collectif « Halte à l’obsolescence programmée » a notamment publié un excellent rapport sur l’indice de réparabilité français, un an après sa mise en pratique, et expliquant les différentes lacunes et pistes d’améliorations : https://www.halteobsolescence.org/wp-content/uploads/2022/02/Rapport-indice-de-reparabilite.pdf

[iv] https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/BRIE/2022/698869/EPRS_BRI(2022)698869_EN.pdf

[v] https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/ip_22_1145

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