L’ONG péruvienne CooperAccion soutient et accompagne les paysans dans leur volonté de faire de leur province une zone libre de toute exploitation minière. Consciente qu’un non catégorique n’est pas une prise de position constructive, la commune, soutenue par CooperAccion, planche sur les secteurs économiques à développer en alternative à l’exploitation minière. Le développement du tourisme fait partie des secteurs d’avenir pour Huancabamba et sa province.
Au nord du Pérou, à l’extrême Est du département de Piura, se trouve Huancabamba, une petite ville de 10.000 habitants, chef-lieu de la province du même nom. Située en plein cœur des Andes, à 2000 mètres d’altitude, Huancabamba est une ville paisible, isolée et entourée de montagnes vertes de prairies et de champs. Depuis la côte pacifique, l’unique accès à Huancabamba se fait via une étroite, sinueuse et dangereuse route de montagne bordant d’immenses falaises. Bien que la distance jusqu’à la côte ne soit que de 200km, le trajet en bus, principal moyen de transport, dure huit longues heures mais permet aux passagers d’apprécier un paysage d’une rare beauté. Dans la province de Huancabamba, la principale activité économique est l’agriculture. Chacun, du villageois au bourgmestre, possède des terrains sur lesquels sont plantés du maïs, des pommes de terre ou des céréales. Ces parcelles de culture, bordées de prairies, partent de la base des montagnes et s’étendent jusqu’à leur sommet, offrant un paysage unique. En famille et à l’aide de taureaux, les paysans sèment puis récoltent plusieurs fois par an. Une partie de la récolte compose les repas de la famille, l’autre sert d’aliment pour le bétail ou est vendue sur le marché local. Grâce à ces récoltes successives et au stockage des aliments, la famille vit en quasi-autarcie. Mais cette vie organisée autour de la nature est menacée.« Nous ne comptons pas en rester là. Une fois que le restaurant sera lancé, nous aménagerons des chambres au deuxième étage pour ouvrir le second hôtel-restaurant de la ville »ajoute-t-elle. Un peu plus haut dans les montagnes, dans le petit village de Salala, Julia me raconte qu’elle aimerait aménager des chambres d’hôtes pour faire découvrir aux voyageurs son quotidien et le travail des champs qu’elle réalise avec sa famille. Les initiatives d’accueil ne manquent pas mais un projet doit encore être réalisé pour améliorer le voyage des touristes : la sécurisation de la route reliant la côte à Huancabamba. En effet, la stabilité de cette unique route d’accès à la ville n’est pas garantie et son étroitesse ne permet pas aux véhicules de se croiser aisément. D’ailleurs, de nombreux touristes ont peur et refusent de s’engager sur cette route. Le projet de rénovation de la route ne dépend pas des Huancabambinos mais des autorités publiques. Il est le maillon faible du développement touristique. Une fois la nouvelle route réalisée, José bâtira ses bungalows et d’autres projets privés, jusqu’ici en suspens, verront le jour. En réponse aux demandes de la population, la commune commence à organiser et réguler le secteur des transports, de l’horeca et du tourisme. Des formations portant sur l’accueil et la gestion de groupes de touristes sont notamment proposées aux gérants d’hôtels et de restaurants. Par le référendum de 2007, les Huancabambinos ont exprimé leur volonté de vivre dans une région sans exploitation minière et à présent, avec l’aide des autorités publiques locales, s’investissent énergiquement dans le développement d’alternatives économiques. Á Huancabamba, la mobilisation citoyenne démontre que l’exploitation minière n’est pas la réponse inévitable au besoin de développement économique de la région.