Roosevelt 2012 est un mouvement de citoyens qui entendent proposer des alternatives au modèle de société dominant et s’engagent pour le changement. Le groupe local de Namur partage ici son analyse d’un des volets de son action : une meilleure répartition du travail pourrait-elle constituer une réponse à divers nœuds économiques et sociaux actuels?
Roosevelt 2012, c’est un collectif, un mouvement de citoyens, de “Monsieur et Madame tout le monde” qui ont compris qu’il fallait agir maintenant et ensemble, qui pensent que nous ne sommes pas réduits à l’impuissance ni à l’absence de solutions. L’action de ce collectif s’inscrit dans la mouvance d’autres mouvements citoyens, comme Hart Boven Hard ou comme Tout Autre Chose en Wallonie et à Bruxelles qui ont, de plus, une perspective transgénérationnelle :Nous nous sommes réunis avec la conviction que nous pouvons construire un large mouvement citoyen proposant des alternatives au modèle de société dominant et pouvant renforcer le mouvement social contre les mesures d’austérité.
Crise sociale, crise financière, crise écologique, crise démocratique… dans tous ces domaines, nos sociétés approchent d’un point de rupture, d’un point de non-retour. Il est urgent d’agir pour éviter un effondrement économique qui rendrait vaines toutes les actions entreprises dans les autres domaines. (Manifeste du collectif Roosevelt 2012)Sur la base de ce constat, les élections françaises de 2012 ont servi de déclencheur… Alors que les programmes de tous les candidats étaient focalisés sur un retour de la croissance à 2%, des intellectuels et personnalités de la société civile et politique tels que Stéphane Hessel, Edgar Morin, Susan George, Pierre Larrouturou et d’autres ont décidé de clamer haut, fort et collectivement leur refus des analyses mortifères trop largement et politiquement partagées. Ils l’ont fait sous forme d’un Manifeste où ils posent leur propre diagnostic sur les causes de la crise et proposent 15 mesures pour changer la donne :
Le but de notre collectif est simple : provoquer un sursaut ; dire la gravité de la crise et alimenter le débat démocratique.(Voir www.roosevelt2012.be) Loin de toute allégeance à un parti politique – même si le mouvement est bien entendu intrinsèquement politique -, Roosevelt 2012 affiche le souhait de souligner la force et la volonté démocratiques face aux puissances économiques et financières, reprenant à son compte la déclaration de Vaclav Havel quelques semaines après la chute du Mur en 1989:
Chacun de nous peut changer le monde. Même s’il n’a aucun pouvoir, même s’il n’a pas la moindre importance, chacun de nous peut changer le monde.
Si ce sont des décisions politiques qui nous ont amenés à la crise, d’autres décisions politiques peuvent nous en sortir. Il n’y a aucune fatalité, aucune main du Destin qui nous entraine inexorablement vers le chaos. Notre avenir est entre nos mains ! (Manifeste)Concrètement, le Collectif entend proposer des réformes pour
- Éviter un effondrement économique
- Élaborer une nouvelle société en luttant contre le chômage et le changement climatique
- Construire enfin une Europe démocratique
Nous souhaitons contribuer à la formation d’un puissant mouvement citoyen, d’une insurrection des consciences qui puisse engendrer une politique à la hauteur des exigences.Outre l’expression de leur soutien par la signature du Manifeste (en France, plus de 114.200 signatures), les citoyens sont invités à rejoindre l’un des vingt groupes locaux français, l’un des six groupes belges, ou ceux existant au Portugal et bientôt en Espagne et en Grèce. Les groupes locaux ont un rôle crucial à jouer puisque ce sont eux qui relaient les campagnes organisées au niveau national et choisissent d’animer conférences, ciné-débats, rencontres avec des élus, et autres activités, en fonction des compétences, intérêts, profils des personnes qui le composent. L’objectif de ces groupes locaux est de sensibiliser le grand public et d’interpeller les responsables politiques. En d’autres termes, débattre de quelques-unes de ces 15 « solutions » et tenter de les mettre en application. Le comité régional de Namur est l’un de ces groupes, actif depuis 2012. D’une part, en tant que membre du comité national, il lutte avec d’autres contre le projet actuel de traité transatlantique(TTIP) [1]Cet accord de commerce et d’investissement est actuellement en négociation entre l’Union européenne (UE) et les États-Unis. Ses potentielles conséquences sur la vie des citoyens européens … Continuer la lecture D’autre part, en tant que comité local, il mène une action concertée sur les domaines suivants : la justice fiscale (en lien avec le Réseau Justice Fiscale), le développement durable et la répartition du travail. Ces actions ont consisté notamment dans l’organisation de conférences-débats pour conscientiser un plus large public, dans des soirées de formation et dans l’engagement avec d’autres mouvements (Tout Autre Chose, présence dans des festivals comme Esperanza, etc.). Des contacts sont poursuivis avec des responsables de syndicats et d’associations et avec des universitaires qui travaillent sur ces différentes questions, ainsi qu’avec des groupes locaux de citoyens. La question cruciale du travail dans notre société occidentale et de sa répartition a notamment fait l’objet d’une analyse approfondie de la part du groupe de Namur, dont nous présentons les grandes lignes ci-dessous.
- L’évolution structurelle de l’économie avec les glissements dans certains secteurs vers un grand nombre d’emplois à temps partiel (notamment dans le secteur de la distribution et du commerce de détail, et dans le secteur de la santé).
- Les modalités d’ajustement dans le temps (sur le jour, la semaine, l’année ou la vie) : cette répartition peut être opérée au plan des congés payés sur l’année, mais aussi sur la vie de travail (régime des pensions anticipées ou des prépensions).
- Des réductions spécifiques liées à des événements de la vie (congés parentaux, aide à des membres de la famille en soins de longue durée ou en soins palliatifs).
- Les réductions choisies (par exemple le crédit-temps pour entreprendre une nouvelle formation ou s’orienter vers un nouveau secteur d’activités).
- Les réductions subies (travail à temps partiel et chômage économique).
- L’évolution du chômage (réengagement à temps partiel, passage à des systèmes de travail intérimaire ou engagement sous statut d’indépendant dans des secteurs aussi différents que la construction, la maintenance informatique ou les médias).
Documents joints
Notes[+]
↑1 | Cet accord de commerce et d’investissement est actuellement en négociation entre l’Union européenne (UE) et les États-Unis. Ses potentielles conséquences sur la vie des citoyens européens soulèvent énormément d’inquiétudes. |
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↑2 | Voir en particulier Dominique MEDA et Patricia VENDRAMIN, Réinventer le travail, Paris, PUF, 2013. |
↑3 | Pour des informations plus précises sur ces éléments et d’autres, voir « L’ABC de la réduction du temps de travail », traduction de « Das ABC der Arbeitszeitverkürzung », Collectif Roosevelt |