Le 19 décembre 2016, des élections présidentielles auraient dû avoir lieu en RDC. Face au manque de volonté du pouvoir en place, la société civile, dont l’Église congolaise, a dû faire pression pour qu’un dialogue inclusif soit organisé et des élections planifiées. L’Accord de la St Sylvestre, signé in extremis le 31 décembre a représenté une avancée importante mais le décès du leader de l’opposition, Étienne Tshisekedi, est venu rebattre les cartes.
« Un rendez-vous manqué avec l’Histoire », c’est ainsi que la Commission épiscopale nationale du Congo (CENCO) avait défini ce qui aurait pu être la première alternance présidentielle démocratique pour Kinshasa, le 19 décembre 2016. Or le lendemain, la ville s’est réveillée dans l’expectative et la crainte des mobilisations, des débordements, ainsi que des répressions qui y sont traditionnellement liées. Après avoir interdit pendant plusieurs semaines toutes les manifestations – y compris pacifiques – le gouvernement a également décidé de couper l’ensemble des communications sur les réseaux sociaux. Malgré le black-out voulu par le Président Kabila, de nombreux membres de l’opposition et des mouvements citoyens avaient affirmé qu’ils descendraient dans les rues. À 6200 kilomètres de là, Bruxelles est restée désœuvrée et attentiste, les yeux rivés sur son ancienne colonie. Une seule certitude : Kabila ne quittera pas volontairement la présidence. Pourtant, de nombreux congolais avaient espéré une ouverture, ne fût-ce que symbolique, de la part du Président. Malgré la gouvernance désastreuse de la Commission électorale Indépendante (CENI) et les allégations de corruption à son égard, malgré l’instrumentalisation de la cour Constitutionnelle, malgré les campagnes de répression contre la société civile qui secouent la RDC depuis quelques mois, une part importante de la population se consolait à l’idée du départ imminent de Kabila. S’il est en effet interdit pour lui de se présenter à nouveau, ce dernier avait toutefois refusé de confirmer sa démission. Ce geste politique symbolique aurait pourtant pu rassurer de nombreux observateurs et citoyens qui veulent conserver leur foi dans le processus de transition démocratique et le respect de la Constitution. Si les élections n’ont pas eu lieu comme prévu en 2017, beaucoup espèrent et exigent alors un suffrage avant la fin 2017. Un espoir est apparu le 31 décembre 2016 : sous l’égide et l’impulsion de la CENCO, le gouvernement congolais et une grande partie de l’opposition ont réussi à dialoguer et à se mettre d’accord sur une série de points. Baptisé « Accord de la St Sylvestre », ce compromis a constitué un premier pas vers l’apaisement et la décrispation politique. Des travaux ont été réalisés en commissions pour aborder des questions telles que la réintégration d’acteurs politiques, la libération d’acteurs de la société civile emprisonnés, ou encore la constitution d’un calendrier électoral et le choix d’un premier Ministre issu de l’opposition. Malheureusement, les accords et les consensus que ce dialogue national sont parvenus à générer demeurent fragiles, au vu des attentes et des frustrations liées aux événements de ces derniers mois. En septembre, c’est dans un véritable bain de sang que se sont clôturées les manifestations populaires de la capitale contre le maintien de Kabila au pouvoir, totalisant 53 morts. Ces 53 personnes sont devenues le symbole d’une contestation réprimée et le reflet de la disproportion des réponses données par le Régime aux opposants. Dans l’Est, ce sont les massacres de Béni qui restent dans les esprits et témoignent quant à eux de l’instabilité géopolitique du pays. De nombreux groupes armés restent toujours présents sur le territoire national et au-delà des frontières, prêts à se livrer à des exactions au moindre signe d’instabilité politique. Alors que l’application de l’Accord politique peinait encore à voir le jour, le décès de l’opposant historique Étienne Tshisekedi le 1er février a immobilisé la poursuite des concertations. En effet, son rôle historique d’opposant, mais aussi de rassembleur, lui avait fait jouer un rôle important dans les négociations. Et c’était à lui que tout naturellement, était revenue la responsabilité du Comité de suivi mis en place pour assurer pacifiquement la transition. Le défi est donc de taille pour son parti, l’UDPS [1]Union pour la Démocratie et le Progrès Social. .Attachments
Notes[+]
↑1 | Union pour la Démocratie et le Progrès Social. |
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↑2 | Mgr Marcel Utembi, Président de la CENCO, l’Abbé Donatien Nshole, premier secrétaire général adjoint et porte-parole de la CENCO et Père Clément Makiobo, secrétaire général de la Commission Justice et Paix de RD Congo, étaient tous trois présents aux côtés de leurs partenaires belges et européens, respectivement la Commission Justice et Paix Belgique et le Réseau européen pour l’Afrique Centrale – EurAc. |