Le 26 juin 2014, le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies a adopté une résolution historique qui ouvre la voie à l’adoption d’un traité international visant à protéger les populations des abus commis par des entreprises. Fruit d’un long processus initié en 2008 par le rapporteur pour les « Droits de l’Homme et entreprises » John Ruggie, cette disposition constitue un pas en avant considérable afin de prévenir et remédier les actes illicites commis par des acteurs privés.
La volonté de promouvoir un réel accès à la justice pour les populations affectées est également au cœur de cette initiative. Cette résolution a pu être adoptée grâce à la mobilisation massive de la société civile internationale, qui n’a eu de cesse de faire pression sur les États. C’est elle qui a présenté cette requête dès le mois d’août 2013 au Conseil des Droits de l’Homme avant de répéter l’opération en novembre de la même année au Forum des Peuples à Bangkok. [1]www.treatymovement.com/statement La proposition a été entendue par certaines nations, comme l’Equateur et l’Afrique du Sud mais aussi la Bolivie, Cuba et le Venezuela, qui ont emboîté le pas en s’engageant fermement dans cette voie. La résolution votée en juin 2014 s’est faite au prix d’un véritable déchirement entre États membres du Conseil. Elle permet la création d’un groupe de travail inter-gouvernemental qui a comme mission de proposer un traité obligatoire au Conseil dans le courant de l’année 2015. Vingt pays se sont prononcés en sa faveur, majoritairement des pays émergents et des pays en voie de développement issus des continents asiatiques, africains et latino-américains. Cette motivation pouvant s’expliquer par la volonté de disposer de règles communes afin d’éviter toutes distorsions de concurrence dans un monde interconnecté. Treize autres pays se sont prononcés contre, pour la plupart des pays européens, rejoint par le Japon et les États-Unis. Ceux-ci craignent que cet outil soit inefficace et privilégient des lois déjà existantes. Enfin, quatorze autres pays de tous horizons se sont abstenus, pour la plupart ayant subi des pressions des pays opposés au traité, mais également par peur de nuire aux investissements dans des économies déjà fragilisées par la crise économique et financière mondiale. Il en résulte une scission entre Nord et Sud de la planète sur l’opportunité de créer un traité, ce qui pourrait, à terme, compliquer les négociations en vue de son adoption.Attachments
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