Le 30 novembre 2016 et après plus d’un demi-siècle de conflit armé, le Congrès colombien a finalement ratifié l’accord de paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC-EP). Suite à l’échec du référendum le 2 octobre dernier, l’issue était pourtant loin d’être favorable à une voie vers la réconciliation. Comment expliquer, dès lors, cette différence entre l’incertitude populaire et la volonté politique de pacification ?
Le chemin de transition de la guerre à la paix n’est jamais un chemin simple. Alors que la plupart des sondages annonçaient la victoire du « oui », le « non » l’a en effet emporté avec 50,2% des voix. Il est important de préciser que de nombreux citoyens ayant voté contre l’accord ne l’ont pas fait dans une logique de continuation de la guerre. Au contraire, la majorité des colombiens s’accordent dans leur désir de paix, comme le montrent les vives manifestations qui ont eu lieu au lendemain des résultats, regroupant une constellation de voix et de positions. Le vote négatif[1]Devançant de quelque 50.000 voix seulement l’alternative de paix. , ainsi que le taux sidérant d’abstention (62%) nous montrent avant tout qu’il existe bien des désaccords (ou incompréhensions) sur les voies pour construire une paix durable. La Paix : la seule issue Une issue militaire étant inenvisageable à court et moyen termes, les accords de paix sont apparus comme une nécessité depuis 2012, tant dans le chef des FARC que celui du Gouvernement. Malgré les nombreuses pertes subies par le mouvement révolutionnaire pendant la législature du Président Álvaro Uribe durant la première décennie du 21ème siècle, le Gouvernement, au prix de nombreux efforts, n’est pas parvenu à les combattre militairement. Or, dans l’optique néolibérale d’une ouverture plus importante du pays aux échanges commerciaux internationaux et aux investisseurs étrangers, impulsée par le Gouvernement actuel, la Colombie se devait d’améliorer son image en pacifiant le pays. [2]Wilpert, Grégory, Pourquoi les Colombiens ont rejeté la paix?, dans Le Monde diplomatique, novembre 2016.