La situation en R D Congo est explosive. Le Président Kabila s’accroche au pouvoir et l’opposition semble avoir des difficultés à se rassembler. Comment agir concrètement pour changer cette situation ? Les citoyens européens ont leur mot à dire et peuvent s’engager pour sensibiliser la population et interpeller les décideurs politiques. Leçons apprises de l’expérience des Commissions régionales Justice et Paix de Liège, de Namur et du Brabant wallon.
Le contexte électoral en République Démocratique du Congo prend les allures d’une saga sans fin. Malheureusement, les rebondissements qui s’enchaînent depuis plus d’un an nous indiquent une dégradation de la situation démocratique dans le pays. Voici un petit récapitulatif des derniers épisodes .- Donner la parole à des personnes qui ont leur mot à dire. Personnalités politiques, académiques, du monde associatif ou encore journalistes. Ce type de personnes parle en connaissance de cause, leur parole compte et capture l’intérêt, elle peut nous informer sur les enjeux réels d’une situation donnée. Pour approfondir les enjeux de paix et de démocratie en R D Congo, les Commissions régionales ont réussi à faire intervenir des personnalités comme Marie Arena, élue Belge au parlement européen et très active sur le dossier des «minerais de conflit» ; Sabine Kakunga, responsable du plaidoyer sur l’Afrique centrale au CNCD-11.11.11, la coupole des ONG francophones ; Alain Lallemand, journaliste au quotidien «Le Soir», qui a été à la base des révélations sur les constructions de sociétés off-shore liées à l’extraction de minerais, connues sous le nom de «Kinshasa papers» ;
- Proposer des témoignages. Des personnes qui vivent au quotidien ou qui sont des observateurs directs et attentifs d’une situation donnée sont les plus à même de sensibiliser sur des enjeux, de faire passer un message fort. Chez Justice et Paix, nous travaillons en étroite collaboration avec des partenaires venant du Sud. Notre travail de plaidoyer consiste, entre autres, à donner une voix à ces personnes, que ce soit en présence d’un large public ou de décideurs politiques. Dans ce cadre, la Commission régionale de Namur a pu accueillir et donner la parole, face à une soixantaine de personnes, à Aurélien Rukwata Kambale, directeur de la Commission Justice et Paix et point focal de l’Observatoire des ressources naturelles de la CERN (commission épiscopale pour la gestion des ressources naturelles) à Butembo, dans la région du Nord-Kivu ;
- Se rappeler qu’une image vaut plus que mille mots. Chaque personne a une manière différente d’emmagasiner des informations ; c’est ce qui nous est expliqué dans la théorie des intelligences multiples . Certaines personnes retiendront plus facilement ce qu’elles ont écouté, d’autres ce qu’elles ont vu. C’est pour cela qu’il est important, dans une formation ou dans une rencontre-débat, de multiplier les supports qui appellent à l’utilisation de différentes intelligences. C’est bien ce que la Commission Justice et Paix de Namur a mis en œuvre, organisant un ciné-débat autour du documentaire «Blood in the mobile», qui nous montre les conditions réelles de la vie des travailleurs dans les mines de l’est de la R D Congo, où une grande partie des minerais qui composent nos GSM sont extraits. Du côté de Liège, une exposition de photos sur les jeunes mineurs a touché plusieurs dizaines de citoyens et de citoyennes.