Se poser d’abord une question, puis agir. Fabrique d’église et maison de quartier

La Commission Justice et Paix régionale de Liège se propose de vous interpeller sur la manière dont justice et foi chrétienne peuvent concrètement s’articuler. Cet article montre d’une part comment notre commission s’informe sur la thématique de la précarité et sensibilise à son tour et, d’autre part, comment une seule personne, Paulette, a commencé à se poser des questions à propos d’une situation que plusieurs pouvaient constater.

Cela n’a l’air de rien, mais cela a permis de mettre en route une dynamique relatée ici pour vous donner envie à votre tour de vous poser des questions et de ne pas en rester là. Valoriser des initiatives de lutte contre la pauvreté La Commission régionale de Liège de Justice et Paix se réunit mensuellement autour de thématiques liées à la justice sociale, dans un esprit de lutte contre la paupérisation croissante de pans entiers de notre société, de plus en plus tournée vers l’individualisme et le libéralisme économique «sans âme». En effet, nous avons observé autour de nous que le nombre de personnes en difficulté allait grandissant, que les distributions de soupe, colis alimentaires et autres vêtements se multipliaient, que les sans-abris étaient nombreux, que les travailleurs, retraités, handicapés, ménages mono-parentaux, etc. … pauvres étaient en augmentation, de même que les jeunes (moins de 25 ans) bénéficiant d’une aide (nécessaire) du CPAS, dans nos villes mais parfois aussi dans les villages, sans parler des phénomènes liés à la solitude (la majorité des ménages liégeois sont constitués … d’une seule personne) : cet isolement nuit à la prise en compte des personnes en déshérence sociale. Après avoir travaillé sur le thème des migrations, nous avons consacré beaucoup d’énergie au sujet de l’affectation de biens d’Église au logement social, avec l’espoir qu’aboutissent des projets sérieux en ce domaine. Dans une optique comparable, nous avons considéré qu’avec l’évolution des rapports socio-économiques vers plus de dualisme et l’augmentation de la pauvreté dans nos villes et communes, il était temps que nous réfléchissions quant aux initiatives qui pourraient être prises ou – plus modestement – valorisées pour lutter contre ce phénomène grandissant, le tout avec un point de vue chrétien. Recherche d’informations, d’expertises et de témoignages de terrain Dans un premier temps, nous avons collectivement parcouru très attentivement le Memorandum du Plan communal liégeois de lutte contre la pauvreté : en une quinzaine de chapitres allant de l’aide sociale proprement dite à la culture et l’interculturalité, en passant entre autres par la grande précarité, la santé, la famille, le handicap, l’immigration, le sport et le logement, ce memorandum proposait des constats et des pistes d’amélioration ; la synthèse ayant été réalisée, nous avons interpellé le pouvoir communal en place (dont plusieurs échevins) sur ce qui nous paraissait essentiel, obtenant à l’arrivée peu de réponses malheureusement. Un Plan communal liégeois d’actions 2011 – 2015 en matière de lutte contre la pauvreté a été adopté par le Conseil communal le 3 octobre 2011. Nous serons attentifs à ces actions. Dans un second temps, nous avons pris connaissance avec grand intérêt du document intitulé «Hiver 2012, chronique d’une crise annoncée», de l’association Pax Christi, qui faisait clairement apparaître le manque de places dans les structures d’accueil à l’entame de la saison froide … Afin de nourrir d’un regard diachronique expérimenté, et de statistiques plus précises notre travail, nous avons invité Madame Florence Loriaux, historienne, à venir décrire à notre commission l’histoire sociale de notre pays. Nous en retenons tout à la fois la récurrence des luttes sociales (à l’occasion douloureuses, violentes) et l’importance des avancées législatives en matière sociale ; nous avons été frappés également par les questions relatives au «confort» minimal et à l’hygiène, comme la quasi-disparition des chauffoirs et autres bains-douches publics en cité ardente. Enfin, nous nous sommes intéressés aux contributions proposées par les membres de notre commission et plus particulièrement au projet de la Maison des Berlurons (à Grâce-Berleur, dans l’entité fusionnée de Grâce-Hollogne). Il a retenu toute notre attention car, à partir de l’initiative d’une personne, Paulette, toute une série de dynamiques en adéquation avec ce quartier se sont développées depuis près de dix ans. Le projet «Maison des Berlurons» : les éléments déclencheurs En 2004, Paulette se pose des questions à propos de locaux non utilisés appartenant à la fabrique d’église Notre-Dame Auxiliatrice, situés à Grâce-Berleur, une entité de la commune de Grâce-Hollogne, en région liégeoise. A cette époque, Paulette est la présidente de cette fabrique d’église. Avant 2004, ces bâtiments non utilisés avaient abrité un patro, une radio locale, puis une maison des jeunes. Mais depuis quelques mois, ces locaux n’ont plus de fonction et sont squattés. Que faire dans cette situation ? Paulette a une inspiration – et elle y voit l’intervention de l’Esprit Saint – : si les chrétiens du Berleur ne construisent plus de projet dans ces locaux, ceux-ci pourraient servir à une maison de quartier intergénérationnelle, interculturelle et pluraliste. Et, dit-elle en riant, elle reçoit un autre coup de pouce de l’Esprit Saint : un ancien animateur de la maison des jeunes dépose dans sa boîte aux lettres un appel à projet de la Fondation Roi Baudouin intitulé “Quartier de vie”. De nombreuses collaborations à la base du projet La candidature à la Fondation Roi Baudouin comporte de nombreuses exigences, ce qui entraîne de multiples contacts dans le quartier, entre 10 et 15 personnes et associations. Finalement, le projet n’est pas retenu par la Fondation Roi Baudouin. Mais la dynamique est lancée ! Quelques personnes créent l’ASBL, La Maison des Berlurons. La commune, partenaire du projet, accepte que les frais d’eau, d’électricité et de chauffage apparaissent dans les comptes et budget de la fabrique d’église. Afin que la maison puisse ouvrir chaque jour, des bénévoles de la région se chargent d’un demi-jour de permanence par semaine, dans le local d’accueil et de convivialité. On y offre une tasse de café, des informations de tous bords, des brochures, des horaires de bus, etc. … Aujourd’hui : de multiples activités conviviales et des partenariats La Maison des Berlurons est une maison de quartier, un lieu de rencontres et d’échanges, entre cultures et entre générations. Elle propose divers ateliers : informatique, customisation, cuisine, danse country, arts plastiques, des cours d’italien et de guitare. Il y a un espace de bien-être, initié par Vie Féminine : soins esthétiques, coiffure, pédicure. On y trouve aussi un magasin de seconde main. Divers groupes s’y rassemblent : Vie Féminine, visiteuses de malades et de personnes isolées, Club de Jeu de Dames. Enfin, il y a aussi les activités de la communauté chrétienne : table d’hôtes, catéchisme, équipe relais, Parole de vie. Elle a développé également des partenariats :
  • avec la commune, pour obtenir l’aide d’un écrivain public et une écoute du CPAS ;
  • avec la Communauté française et l’école de promotion sociale de Grâce-Hollogne qui détache une enseignante, Sabine, pour l’alphabétisation, et pour des cours de français pour les non francophones ;
  • avec les Sœurs voisines, de la Communauté des Filles de la Charité : Soeur Madeleine qui aide à l’alphabétisation et Soeur Juliette qui passe tous les jours ;
  • avec le groupe de Saint-Vincent de Paul de Grâce-Berleur, qui a distribué des vivres aux personnes nécessiteuses jusqu’en 2012.
La Maison des Berlurons a aussi participé à la création du potager collectif La Brouette et le coquelicot, avec RESiprok!, le réseau d’échange de savoirs de Grâce-Hollogne. Aujourd’hui, un G. A. C., groupe d’achats communs, se remet en place.
Perspectives et interpellations Paulette aimerait beaucoup que les fabriques d’église et les ASBL patrimoniales liées à l’Eglise se lancent – elles aussi – dans des initiatives destinées à accueillir les gens et à retisser des liens entre eux, en redynamisant leurs locaux, en bâtissant des projets … Par exemple, à Grâce-Hollogne également, la fabrique d’église Saint-Rémy a créé une association qui gère une salle et une cuisine, louées pour des fêtes familiales ; un groupe d’Enéo y a aussi ses rencontres. On pourrait également y développer d’autres projets … La Commission Justice et Paix de Liège Souhaitez-vous plus d’informations ? LA MAISON DES BERLURONS Rue Paul Janson, 174 4460 Grâce-Hollogne Tél. : 04/233 16 65 Courriel : berlurons@gmail.com Site Internet : www.berlurons.be

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