La décroissance : un concept choc ! Il interroge notre mode de vie actuel basé sur la croissance constante du PIB. Il évoque des scénarios catastrophes de retour en arrière sur nos acquis technologiques et sociaux… Et si la décroissance était plutôt un concept à comprendre avant toute chose, à s’approprier et concrétiser ensuite, pour mieux préserver la planète ? Et si sortir de l’ère du consumérisme, comme le préconise la décroissance, était un moyen de réduire la concurrence autour de l’exploitation des ressources naturelles, source de nombreux conflits ?
Elle est “une démarche collective et individuelle qui vise à une réduction de notre consommation directe et indirecte de matières, d’énergies et d’espaces”[6]CORNIL J. et LEGROS B., La pertinence de l’escargot. En route vers la décroissance!, éditions Sang de la Terre, Paris, 2013. Serge Latouche, l’un des théoriciens de la décroissance, en dit ceci : “Qu’est-ce que c’est que la décroissance ? C’est finalement un slogan, pour signifier la nécessité de sortir de la société de consommation, parce qu’une croissance infinie est incompatible avec un monde fini” [7]Interview de Serge LATOUCHE : Librairie Mollat, Serge Latouche – Bon pour la casse, les déraisons de l’obsolescence programmée. Néanmoins, si l’on souhaite s’investir pour la préservation de l’environnement et pour la paix, il est important de passer d’un “slogan” à l’application concrète, afin de vérifier si la décroissance peut réellement être une piste convaincante.
“C’est ainsi que des tonnes et des tonnes de matériel qui contiennent des ressources rares, qui dans quelques années feront défaut, vont à la casse ! ”[8]Interview de Serge LATOUCHE : Librairie Mollat, Serge LATOUCHE – Bon pour la casse, les déraisons de l’obsolescence programmée Il y a plusieurs manières de rendre du matériel obsolète : sortir une nouvelle version de l’appareil avec de nouvelles fonctions ou un nouveau design, ce qui rend l’ancien désuet. La publicité convainc alors le consommateur d’acheter un nouvel appareil alors que le sien fonctionne encore. Le constructeur peut aussi programmer l’appareil pour qu’il dysfonctionne au bout d’une durée planifiée : la pièce à remplacer et la réparation coûteront plus cher que d’en acheter un neuf… Si la décroissance fait peur et clive les débats, un de ses aspects concrets, la résistance à l’obsolescence programmée, peut rallier beaucoup plus de monde. Prenons le cas des GSM. [Voir l’outil pédagogique [“De la Mine au GSM” élaboré par la Commission Justice et Paix]] Les Belges changent de GSM tous les 18 mois en moyenne… Alors qu’il est possible de :
- Réduire le nombre d’achats de gsm par personne, en se posant la question de savoir si on est obligé de changer ou si c’est la publicité qui nous y incite.
- Réutiliser ce GSM : le donner à quelqu’un, le revendre.
- Recycler : le rapporter au magasin ou l’apporter au parc à conteneurs et se renseigner sur le sort qui lui sera réservé.
- Reconceptualiser les GSM : c’est ce qu’essaye de faire une entreprise néerlandaise en produisant un téléphone sans obsolescence programmée, un produit presque totalement éthique et équitable,… à améliorer encore !
- Relocaliser : se réapproprier la réparation de ces machines par exemple. Une initiative intéressante est celle des Repair café [9]www.repaircafe.be, gratuits et dont l’objectif est que les utilisateurs-consommateurs-citoyens réparent ensemble leurs appareils. Des PME sont aussi nées pour réparer les smartphones.
Documents joints
Notes[+]
↑1 | Ce que nous avons retenu de l’après-guerre en Europe, c’est que la croissance du PIB a marqué la reprise de la production, donc l’augmentation de l’offre d’emploi, une hausse des revenus, donc du pouvoir d’achat, c’est-à-dire de la possibilité de consommer, et un accroissement de la recette fiscale de l’Etat. De plus, la croissance couplée à la redistribution des richesses organisée par un Etat social, a assuré une réduction des inégalités et le développement de la classe moyenne. Au total : une augmentation de la qualité de vie. |
---|---|
↑2 | CASSIERS I., WILIQUET C., Redéfinir la prospérité et ses indicateurs, analyse du Centre Avec, 2014. |
↑3 | Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Le GIEC est un organe intergouvernemental qui est ouvert à tous les pays membres de l’ONU et de l’OMM. |
↑4 | LATOUCHE S., Pour une société de la décroissance, Le Monde diplomatique, 2003. |
↑5 | En Belgique francophone, on relève notamment le Mouvement politique des objecteurs de croissance http://www.objecteursdecroissance.be |
↑6 | CORNIL J. et LEGROS B., La pertinence de l’escargot. En route vers la décroissance!, éditions Sang de la Terre, Paris, 2013. |
↑7 | Interview de Serge LATOUCHE : Librairie Mollat, Serge Latouche – Bon pour la casse, les déraisons de l’obsolescence programmée. |
↑8 | Interview de Serge LATOUCHE : Librairie Mollat, Serge LATOUCHE – Bon pour la casse, les déraisons de l’obsolescence programmée |
↑9 | www.repaircafe.be |
↑10 | Document législatif n° 5-1251/4 |