Les 2 et 3 avril 2014 a eu lieu, à Bruxelles, le quatrième Sommet UE-Afrique. L’occasion pour les chefs d’États des deux continents de débattre (sur un pied d’égalité ?) des intérêts et défis communs ainsi que d’établir une stratégie pour un partenariat qui guide les relations à venir.
Aux yeux de certains observateurs, cette rencontre, si elle a eu le mérite d’avoir lieu, représente une “chance manquée” pour l’établissement d’un partenariat fort. Au-delà des thèmes abordés, il nous paraît important de nous poser les questions suivantes : ce Sommet représente-t-il une opportunité politique permettant d’établir les termes d’une collaboration basée sur des enjeux communs ? À quelles conditions ? Quels en sont les défis ? Quelles sont les priorités ? L’objectif de la rencontre était large, ambitieux et… nécessaire : améliorer la coopération entre l’Union européenne et l’Afrique pour les années à venir. De quoi faire suer les représentants de 54 pays africains et de 28 États européens réunis à Bruxelles au début du mois d’avril. Car il s’agissait pour cela de, non seulement s’accorder sur un nouveau plan d’actions, mais aussi (et surtout…) de réformer la stratégie de partenariat Afrique-UE telle qu’adoptée en 2007 et donc de développer un réel dialogue politique. En effet, beaucoup de doutes existaient sur la réelle plus-value du “Joint Africa-UE Strategy” (JAES). LE JAES, VOLONTE D’UNE STRATEGIE COMMUNE UE-AFRIQUE Le JAES (Joint Africa-UE Strategy), mis au point en 2007 lors du deuxième Sommet UE-Afrique organisé à Lisbonne, identifiait huit partenariats thématiques. [1]Paix et sécurité, gouvernance démocratique et droits de l’Homme, commerce et intégration régionale, objectifs du Millénaire pour le Développement, énergie, changements climatiques, … Continue reading Ce texte est encore considéré comme une référence en ce qui concerne la vision des relations entre les deux continents. Illustration de la vision commune par un extrait : “Ce partenariat sera fondé sur un consensus euro-africain autour de certaines valeurs, d’intérêts communs et d’objectifs stratégiques communs. Le partenariat devrait viser à combler la fracture de développement entre l’Afrique et l’Europe par le renforcement de la coopération économique et la promotion du développement durable sur les deux continents, qui coexisteraient dans la paix, la sécurité, la prospérité, la solidarité et la dignité humaine”. Cependant, il était devenu évident qu’il fallait reconfigurer les termes du partenariat pour qu’on puisse réellement parler d’une collaboration “avec” l’Afrique plutôt qu’une stratégie “pour” et ainsi concrétiser la mise en place d’un si beau principe.- le flou persiste quant à la nouvelle “architecture” qui est censée guider les relations. Entre autres, les critères de participation de la société civile restent, encore et toujours, trop vagues ;
- la dialogue ne semble pas avoir donné tous ses fruits puisque, alors qu’étaient prévues des déclarations sur des domaines spécifiques (4), une seule, celle sur les questions de migrations, a abouti. Loin de nous l’idée de dévaloriser l’aboutissement d’un texte sur un enjeu aussi important. Cependant, cela aurait été un message politique fort d’avoir une proposition commune concernant les perspectives post- 2015 sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement ;
- Enfin, nous savions que le financement du développement des pays africains serait un des grands thèmes traités par le Sommet. Certains pays donateurs s’étaient en effet officiellement positionnés pour que soit dépassée la relation traditionnelle “donateur-destinataire”. Pour CONCORD, le Sommet s’est “clairement focalisé sur les investissements et le commerce qui, plus que l’aide, doivent guider l’agenda des relations entre les deux continents” 3. [2]“Stratégie UE-Afrique : un Sommet de Bruxelles mi-figue mi-raisin”, Une Europe ouverte sur le Monde, Numéro 59-mai 2014.
“Nous disons aux dirigeants européens qu’il ne suffit pas de rappeler des principes, d’affirmer des intentions et d’attirer l’attention sur les injustices que subit l’Afrique. Ces paroles seront dénuées de sens tant qu’elles ne s’accompagneront pas d’un changement dans les politiques (…)”. Et de se positionner clairement pour un cadre qui oblige les sociétés à contrôler leurs chaînes d’approvisionnement afin de garantir que les acheteurs de minerais ne participent pas au financement de conflits ou de violations des droits humains.
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Notes[+]
↑1 | Paix et sécurité, gouvernance démocratique et droits de l’Homme, commerce et intégration régionale, objectifs du Millénaire pour le Développement, énergie, changements climatiques, migration, mobilité et emploi, science, société de l’information et espace. |
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↑2 | “Stratégie UE-Afrique : un Sommet de Bruxelles mi-figue mi-raisin”, Une Europe ouverte sur le Monde, Numéro 59-mai 2014. |
↑3 | Une seule main ne peut nouer un paquet”. Cette déclaration est disponible en français sur le site Internet de la COMECE |