Le mouvement féministe Ni una menos lutte depuis 2015 contre le féminicide et la violence basée sur le genre. Né en réponse aux meurtres de femmes sur le continent latino-américain, il porte un message global de lutte contre le sexisme dans toutes ses formes.
Pendant la nuit du 8 octobre 2016, Lucía Perez, une jeune fille argentine de 16 ans, originaire de la localité Mar de la Plata, est droguée, violée et tuée par deux hommes. Ses bourreaux ont tenté de masquer leur acte en lavant le corps et en changeant les vêtements de la jeune fille avant de l’amener à un centre médical pour une soi-disant overdose . Cet horrible féminicide [1]Voir encadré pour la définition du terme. a marqué de manière forte les esprits dans un pays, l’Argentine, où une femme est tuée pour le fait d’être femme [2]Voir encadré avec la définition de féminicide., chaque 36 heures [3]Depuis 2015, la Cour suprême de justice argentine a mis en place un Registre national des féminicides, CENTERA M., ibidem. . Ce qui est également le cas dans de nombreux pays d’Amérique latine. Cet acte a relancé avec force le mouvement Ni una menos, «Pas une de moins». Ce slogan, utilisé depuis 2015, est devenu le mot d’ordre d’un mouvement global qui proteste contre les violences de nature sexiste subies par les femmes. L’origine du slogan Ni una menos Le slogan Ni una menos, a été repris d’un poème de Susana Chávez, poète et activiste pour les droits humains, originaire de Ciudad Juarez au Mexique. Elle fut retrouvée morte le 6 janvier 2011, son corps ayant été mutilé. La ville de Ciudad Juarez est connue pour son taux élevé de féminicides ainsi que pour l’impunité de ces crimes. Les autorités de la ville, connues pour leurs relations corrompues avec les cartels mexicains du narcotrafic, ont essayé de réduire cet assassinat, présumé d’origine politique et sexiste, à un fait divers. Selon le procureur général d’État, Susana aurait été victime d’une mauvaise rencontre lors d’une soirée arrosée. Selon les organisations de lutte contre le féminicide et la disparition des femmes de la ville, ceci démontre une tentative de rendre responsable la victime de son meurtre : la cause serait son imprudence dans le choix de ses fréquentations. Le 20 octobre 2016, dans de nombreuses villes d’Amérique latine et d’ailleurs, une marée noire composée de milliers d’hommes et de femmes en grève, descend dans la rue, pour demander la fin des violences basées sur le genre. L’écho de l’assassinat de Lucía Perez a parcouru en long et en large le continent, où se trouvent sept des dix pays ayant le taux le plus élevé d’homicides de femmes au monde et marqués, selon les activistes locales, par une culture machiste agressive . Comme le remarque le quotidien The Guardian, dans cette région, qui a vu naître d’importants mouvements féministes, cette démonstration semble signifier une envolée puissante de ces derniers. C’est également en 2016 que les revendications portées par ces mouvements se font de plus en plus fortes en Europe.Attachments
Notes[+]
↑1 | Voir encadré pour la définition du terme. |
---|---|
↑2 | Voir encadré avec la définition de féminicide. |
↑3 | Depuis 2015, la Cour suprême de justice argentine a mis en place un Registre national des féminicides, CENTERA M., ibidem. |
↑4 | MURGIA M., « Dillo che sei mia. La trappola fatale dell’immaginario », Il corpo del delitto, supplément à Il manifesto, pp 6-7, 23 novembre 2016. |
↑5 | SIRILMA N., « Vers la reconnaissance du féminicide, de l’Amérique latine à la Belgique », Axelle Magazine, n°193, pp 12-17, novembre 2016, http://www.axellemag.be/feminicide/ [consulté le 8/02/2017]. |
↑6 | SIRILMA N., ibidem. |
↑7 | SIRILMA N., ibidem. |
↑8 | Same. |
↑9 | MERLO A. M., « Nuove parole nel Larousse : féminicide », Il corpo del delitto, supplément à Il manifesto, p. 24, 23 novembre 2016. |
↑10 | Le 8 mars 1917, à Saint-Petersburg, les femmes ouvrières manifestent contre le prix du pain et pour le retour des hommes du front de la première guerre mondiale. |