Guerres et GSM

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Guerres et gsm ? A priori, le lien entre les conflits armés et nos portables ne saute pas aux yeux! En quoi nos petits bijoux technologiques pourraient-ils occuper un autre rôle que celui de faciliter la communication, même en temps de guerre ? Si l’on creuse, on trouvera une série de bonnes raisons de s’attarder à ce lien…

Le téléphone portable, un condensé de minerais On peut, en premier lieu, ouvrir le boitier et se demander de quoi est fait notre téléphone (ou ordinateur d’ailleurs). On sait de plus en plus aujourd’hui que l’un de ses composants essentiels est le coltan, un minerai composé de deux minerais associés (colombite et tantalite) dont il est souvent question car on estime qu’autour de 80% des réserves connues mondiales se trouve à l’est de la RD. Congo, région rendue tristement célèbre par les incessants troubles l’agitant depuis 20 ans. Voici qu’un premier indice apparait déjà… Le coltan raffiné permet d’obtenir du tantale, qui est extrêmement prisé par les industries de pointe occidentales. S’il est en effet indispensable à la fabrication de téléphones portables et de condensateurs d’ordinateur, on le retrouve aussi dans les missiles, les fusées et les avions car il dispose de propriétés physiques remarquables (notamment une grande résistance à la chaleur et à la corrosion). Mais sait-on également que pas moins de 25 minerais différents sont nécessaires à la construction d’un téléphone portable ? Cuivre, étain, nickel, cobalt, la liste est longue… Tous ces minerais sont épuisables et beaucoup sont en voie de pénurie face à la croissance constante de la demande mondiale. En effet, la globalisation du consumérisme, l’augmentation de nos besoins tant en quantités qu’en variété – entretenus par une offre sans cesse renouvelée – les nouveaux standards (conduction électrique, optique, thermique, résistance) [[Indium (écrans plats et imagerie médicale); hafnium (puces électroniques); béryllium (GSM); gallium (GSM); palladium (GSM ou comme substitut à l’or); platine (écrans plats et LCD); ruthénium (disques durs); tantale (machinerie cardiaque), etc.]] et les nouvelles applications [[Cuivre utilisé pour l’air conditionné, le cobalt pour les batteries de portables, MP3 et caméras digitales, le titane pour les nouveaux besoins de l’aviation, etc.]] expliquent en partie que nos besoins en minerais suivent une courbe croissante au fil des ans. Mais qui dit augmentation de la demande dit aussi stratégies de prédation… Car la plupart des réserves mondiales de ces minerais « stratégiques » se trouvent dans les pays du Sud [[Quelques exemples : Cuivre (Angola, RDC, Zambie, etc.), argent (USA, Mexique, Pérou, Chine, etc.), or (Afrique du Sud, USA, Canada, Chine, Pérou, etc.), diamant (Australie, Botswana, RDC, Russie, etc.] , dont les gouvernements sont rarement à même de réagir à cette pression en protégeant leur population. Nous y reviendrons. De la mine au gsm, un parcours riche en rebondissements Il est également intéressant de se rendre compte de la longueur et complexité de la chaine d’approvisionnement des minerais provenant du Sud. Reprenons l’exemple du coltan de l’est de la RD. Congo pour nous en faire une idée. Nous trouvons, en amont de la chaine, les creuseurs ou mineurs. Dans cette région, il s’agit le plus souvent d’extraction artisanale, et ce sont habituellement des villageois qui sont chargés du travail d’extraction, au cœur de mines à ciel ouvert ou souterraines. Etre mineur/creuseur artisanal nécessite énormément de force et d’énergie car quasiment aucune mécanisation n’entre en jeu. A la sortie de la mine, le mineur/creuseur vend le fruit de son travail à un négociant, qui en détermine le prix en fonction de la quantité, de la qualité, du type de minerais, ainsi que du cours du marché. Signalons que, lorsque les mines ou les routes y menant sont aux mains de groupes armés, il est courant qu’une partie des gains des creuseurs ou des négociants soit « prélevée » sous forme de taxes et viennent alimenter les recettes de ces groupes. Ce sont ensuite les comptoirs d’achat qui achètent la marchandise aux négociants et la font transiter vers les comptoirs d’exportation, le plus souvent situés dans des villes de taille plus importantes (telles que Goma ou Bukavu à l’est de la RD.Congo). Comme leur nom l’indique, ces comptoirs vendent les minerais, encore à l’état de matière première, à des acheteurs internationaux (le plus souvent des fonderies ou entreprises de transformation) qui les transforment alors en métal. Métal intéressant les entreprises de télécommunication qui les envoient dans des entreprises de production, situées pour la plupart en Asie. Les magasins, partout dans le monde, commercialisent ensuite les produits fournis par les entreprises de télécommunication et les vendent aux consommateurs que nous sommes. Ce minerai fait donc le tour du monde avant d’aboutir chez nous et circule entre de nombreuses mains. Pour saisir, ici aussi, le lien entre conflits et GSM, ajoutons que, au-delà de ce schéma de la chaîne décrit, l’identification des acteurs réels est complexe et le parcours des minerais le plus souvent opaque, de sorte qu’il est presque impossible de « retracer » le minerai issu de nos GSM pour nous assurer qu’il n’enrichit pas des groupes armés ou ni ne provient de régions en conflit… Un bilan humain et écologique désastreux Paradoxalement, alors que la RD.Congo regorge de plus de 1100 substances minérales naturelles, ce pays continue à se placer à la dernière place du classement de l’indicateur de développement humain (IDH) [[Rapport des Nations Unies sur le Développement, 2013]], un indicateur développé par le PNUD [[Programme des Nations-Unies pour le développement]] qui agrège en une seule donnée trois critères de qualité de vie : la durée de vie, le niveau d’éducation et le niveau de vie. Ce constat s’applique également à bon nombre de pays riches en ressources naturelles : en 2013, le Sierra Leone se situait ainsi en 177e place (sur 187), le Liberia à la 174e, la Côte d’Ivoire à la 168e, etc. Celle qu’on appelle parfois la « malédiction des ressources naturelles » serait-elle inéluctable ? Il est indéniable que la vie des populations de ces pays est en effet marquée par les nombreuses conséquences néfastes de l’exploitation des ressources. Les rapports faisant état de dégâts environnementaux, de risques pesant sur la sécurité alimentaire, de problèmes sanitaires, de violences sexuelles, d’enrôlement d’enfants désertant l’école, etc. sont innombrables et mettent en évidence le fait que les impacts négatifs de l’exploitation minière pèsent quotidiennement sur les citoyens des pays détenteurs de richesses naturelles. [[Voir par exemple l’exemple de Cero de Pasco au Pérou ]] On constate en outre que tous les pays précités et une bonne partie de ceux qui, au Sud, sont riches en ressources naturelles stratégiques, paient leur « chance » du sang de leurs populations. En effet, depuis toujours, un grand nombre de conflits armés ont pour origine l’appât des ressources naturelles. Pour ne reprendre que quelques exemples issus de ces dernières décennies, on peut citer le dramatique conflit angolais (1975 à 2002), où la question de l’approvisionnement en pétrole et diamants a joué un rôle important ; le conflit au Libéria (1989 – 2003) où il s’agissait alors du bois, des diamants, de l’or du fer, ainsi que de l’huile de palme, du cacao, du café et du caoutchouc ; le conflit au Soudan (1983 – 2005) avec le pétrole, etc. En RD.Congo, le conflit s’enlise depuis les années 90’, alimenté par la concurrence pour l’accès aux minerais entre les nombreux acteurs en présence, aux intérêts différents mais parfois convergents (Etat central, communautés locales, groupes rebelles, multinationales, pays voisins, etc.). En effet, si les ressources naturelles ne sont pas ici la cause directe des conflits, elles influencent indubitablement la durée et l’intensité de ceux-ci. Les acteurs armés voient en effet dans l’exploitation des ressources un moyen d’enrichissement rapide et cet apport permet aux groupes en présence de poursuivre les hostilités. Par ailleurs, plus le territoire disputé contient des ressources à la valeur économique importante, plus la volonté d’appropriation des belligérants est élevée, ce qui tend à augmenter l’intensité du conflit et à augmenter le nombre de victimes. Les trafics illégaux sont monnaie courante (80 à 90% des exportations de minerais à l’est échappe au contrôle de l’Etat) et permettent aux pays voisins et aux acteurs qui y sont positionnés de prélever leurs gains également. Une « malédiction des ressources naturelles » inéluctable ? Le tableau est noir, et pourtant… Propositions législatives, campagnes d’information, de sensibilisation ou de dénonciation, mécanismes de traçabilité, de transparence financière, efforts de recyclage , investissements responsables, différentes initiatives existent qui vont dans le sens de rompre ce lien entre exploitation des ressources naturelles et conflits. Relevant globalement de trois grandes approches (la bonne gouvernance, la responsabilité sociétale des entreprises et la consommation responsable), elles cherchent le plus souvent à influencer les entreprises responsables de l’exploitation et impliquent un rôle actif de régulation de la part de l’Etat concerné. Elles peuvent également relever de la responsabilité individuelle et faire l’objet d’un travail de modification des comportements des citoyens que nous sommes. Il n’existe en tous cas pas une mais de multiples solutions pour tenter, en RD. Congo comme ailleurs, d’atténuer les impacts d’une mauvaise gestion des ressources naturelles et éviter qu’elle ne dégénère ou n’alimente des conflits. Les différents acteurs concernés – en ce compris les consommateurs – doivent joindre leurs efforts pour parvenir à un changement véritable ! Laure Malchair

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