Politiques de la ville & consommation de ressources minières

Quel lien entre les politiques de la ville et les ressources minières?

Réduire la consommation de ressources minières: un enjeu capital

La consommation de ressources minières est massive et croissante. Cette situation met en danger notre capacité à répondre aux menaces environnementales majeures. Elle affecte gravement les droits, la vie, la santé, la sécurité et le milieu de vie de nombreuses communautés et personnes. Elle s’inscrit également dans un ensemble d’inégalités sociales, internationales, économiques et politiques. Elle est à la fois une cause importante, un élément et un symptôme d’un monde en crise profonde. 

Conflits sociaux au Pérou, conflits armés en RD Congo, expropriations, impacts majeurs et durables sur la santé, dégâts irréversibles sur les sols, contamination de l’eau, de l’air et du bétail, etc. L’extraction et la production de minerais a de nombreux impacts, bien souvent insoupçonnés. Mais qu’en est-il des solutions ? Que faire à notre échelle ?

En savoir plus sur l'exploitation minière et l'extractivisme

Justice & Paix travaille sur la question minière depuis de nombreuses années avec de nombreux partenaires nationaux, européens et internationaux.
Nous proposons de nombreux contenus pour permettre à cette thématique d’être abordée par chacun·e.

Cerro de Pasco, Pérou - Les conséquences du gigantisme minier

Nos publications sur l'extraction minière et l'extractivisme

La ville, actrice clé de changement

Il faut réduire notre consommation de ces ressources minières. Ceci peut et doit être fait dans une logique globale. Cette démarche et sa raison d’être sont expliqués en détail dans ce document de plaidoyer. La ville peut et doit y jouer un rôle important.

 

À côté ou dans le cadre de cette logique générale, la ville peut travailler à certains chantiers plus spécifiques et de grande importance. Ici, nous nous pencherons sur la question des transports. En parler, c’est parler de la ville dans son ensemble. En effet, la question des besoins en déplacements et des moyens utilisés pour se déplacer entretient des liens étroits avec biens d’autres aspects. Voyons cela.

Les besoins en déplacement et les moyens de se déplacer

Thermique ou électrique, la voiture n'est pas la solution

Les déplacements que nous faisons et les moyens que nous utilisons pour cela ont un impact énorme sur la consommation de ressources minières. La nécessité de répondre au dérèglement climatique exige de quitter l’ère des énergies fossiles. Mais ceci ne peut pas se faire en remplaçant les voitures thermiques par des voitures électriques, par ailleurs souvent bien plus lourdes. Ces voitures consomment beaucoup de minerais, que ce soit pour leur construction (et notamment pour les batteries) ou pour la production de l’électricité nécessaire pour les faire rouler. 

La rendre autonome ne règle pas le problème

Le problème s’aggrave encore quand ces véhicules, en plus d’être électriques, sont autonomes. Dans ce cas, en effet, il faut aussi des minerais pour construire l’appareillage qui permet le calcul et le guidage (appareillage embarqué, serveurs de calcul à distance, réseau de connexion) et pour fournir l’énergie pour faire fonctionner ce système et pour déplacer le poids accru. 

Á l'opposé, la ville piétonne

À l’opposé de cette logique, on trouve l’idée de la ville piétonne, une ville où l’essentiel des déplacements se fait à pied. Pour que la ville devienne piétonne, les autorités doivent favoriser une offre diversifiée partout en ville (lieux d’emploi, commerces, lieux de loisirs, de culture, de sport, de jeu, services sociaux et de santé, tissu associatif, bibliothèques, espaces verts, etc.) et adopter une approche parcimonieuse de l’espace. Ceci implique une grande prudence en matière de nouvelles constructions.

Elles doivent favoriser la mobilité active (marche, vélo) et les transports en commun, soutenir le partage des véhicules plutôt que leur possession individuelle, organiser la logistique en favorisant le train, les voies d’eau et le vélo, renforcer la capacité des gens à marcher et à faire du vélo.

Un changement d’approche

il faut aller plus loin que ces politiques partielles. Il faut changer de logique économique. Notre économie accorde une grande
importance à la mise en avant du succès individuel. La voiture nous attire pour son côté pratique mais aussi parce qu’elle est un signe de ce succès. 
Notre économie est fondée sur l’augmentation de la consommation et de la production. Cette logique accroît l’usage de l’espace car on produit, entrepose, transporte, vend, achète ou consomme toujours quelque part. En matière de mobilité et de logistique, cette logique pousse à favoriser la voiture, le camion, la camionnette. C’est ainsi qu’on crée le plus d’activité économique. Cette orientation en matière de mobilité et de logistique est aussi celle qui occupe le plus  d’espace au sol. 

Tout ceci allonge les distances et dilue l’occupation l’espace, ce qui favorise en retour cette même logique du tout routier. Cela entraîne une énorme consommation de ressources naturelles. Il faut donc sortir du productivisme et traduire ceci en actes concrets dans la ville. Cela concerne la publicité en général et celle pour les voitures en particulier. Mais cela va bien plus loin.

Justice sociale et environnementale vont de pair

Dans la ville actuelle, les personnes des classes populaires respirent un air moins sain, dépensent relativement plus d’argent pour la mobilité, ont un moindre accès aux espaces verts et doivent dans bien des cas se déplacer plus loin pour travailler. L’optique de la ville piétonne atténue ces injustices. Il importe en outre que cette optique soit mise en place dans le souci de la justice sociale et en concertation aussi avec les organisations de lutte contre la pauvreté et les inégalités.  

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