Du 15 avril au 1er mai, Mikaël (chargé de plaidoyer) et Martin (chargé de communication) se sont envolés pour Lima, où les partenaires de l’association SER (Servicios Educativos Rurales) les attendaient avec un programme destiné à renforcer le travail de plaidoyer politique de CJP, et à récolter du matériel audiovisuel pour la refonte d’un outil pédagogique sur la mine au Pérou.
Une rencontre avec nos partenaires associatifs péruviens
Sur place, nous avons été appuyés par les associations SER, Grufides, Red Muqui et CooperAccion. Sur base de leur expertise sur la question minière et le modèle extractiviste, ils nous ont fait rencontrer des acteurs et actrices pertinent·es pour discuter des enjeux soulevés par les grosses sociétés minières, mais aussi les mines illégales, ou « informelles ».
C’est ainsi que nous avons rencontré des chercheurs et chercheuses, des universitaires, des leadeurs et leadeuses de communautés, des citoyen·nes, etc. qui nous ont parlé des mines et des conséquences du modèle extractiviste développé par le pays.
Nous avons été à la rencontre de ces nombreuses personnes dans les régions de Lima, Huancayo, Junìn, Pasco, Cuzco, Apurimac et Cajamarca et avons visité de nombreux sites miniers grâce aux connaissances de terrain de nos partenaires.
Le modèle extractiviste : des conséquences désastreuses sur les populations et les écosystèmes
Au Pérou, la mine est présente dans de nombreuses régions rurales, où vivent notamment des communautés Quechuas et Uros. L’agriculture et l’élevage sont rendus extrêmement difficiles par la proximité de gigantesques mines qui empoisonnent l’eau, l’air et les sols. Les agriculteurs et agricultrices rencontré·es dans notamment dans les régions de Cajamarca, Puno, Espinar et Cuzco rendent compte d’une catastrophe sur les écosystèmes, mais aussi sur leur mode de vie. La contamination de la population aux métaux lourds est monnaie courante, ainsi que la contamination de leurs plantations et de leurs bétail. Ces personnes, vivant normalement du commerces de ces denrées, ne peuvent plus les vendre, à cause des taux de métaux élevés présents dans celles-ci. De plus, la criminalisation des personnes s’opposant à la mine oblige ces dernières – faute de moyens financiers – à recourir à diverses associations et ONG’s pour défendre leurs droits.
Des objectifs divers au Pérou pour Justice & Paix
Notre objectif, au Pérou, était double (voire triple). Les rencontres de partenaires aux profils distincts nous ont permis de récolter du matériel à destination d’un plaidoyer politique belge et européen grâce aux discussions engagées où nous abordions tant les conséquences de la mine et du système extractiviste, que ses alternatives concrètes. Nous avons également pu récolter du matériel à destination de la réactualisation future de notre outil pédagogique « L’or à tout prix » (2016), destiné aux enseignant·es du secondaire. Enfin, grâce aux visites de sites miniers et les rencontres avec les citoyens et citoyennes des régions nous pourrons sensibiliser la population belge à ces enjeux, bien souvent méconnus du grand public.
Quelles sont les alternatives au système extractiviste péruvien?
De nombreuses pistes de solutions ont été évoquées lors de ces 2 semaines de rencontres. Certaines à un niveau local, d’autres à un niveau national ou international. Citons notamment l’agriculture, très développée dans certaines régions du pays, qui jouissent de nombreuses variétés natives de maïs, patates, avocats, etc.
Un travail devrait également être engagé avec certains laboratoires et universités nationales pour systématiser les études des terrains avant l’installation d’un site minier, afin d’avoir des preuves suffisantes pour poursuivre les sociétés responsables des dégradations sur la nature et de l’état de santé des populations, ainsi que de questionner ce système permissif.
Au niveau international, un devoir de vigilance et des systèmes de traçabilité des métaux stratégiques est à envisager, tant les conséquences de l’extraction de ceux-ci paraissent invisibles aux yeux des responsables politiques européen·nes. Pour certaines personnes rencontrées, le système péruvien laisse une part de liberté trop grande aux entreprises multinationales et aux mines illégales, qui s’approprient les terrains, exproprient les citoyen·nes et détruisent les écosystèmes en toute impunité.
À nous et à nos partenaires péruviens, belges et internationaux d’utiliser ce matériel à bon escient. De nombreuses autres pistes ont été évoquées, et ont déjà été abordées avec nos partenaires à Lima, afin de transformer des pistes de solutions en action. Un travail que nous continuerons à faire depuis la Belgique !