Alors que le mouvement citoyen célèbre son 6e mois d’existence, les résultats politiques concrets peinent encore à se faire voir. Quelles sont les origines de ce mouvement, mais aussi les défis belges majeurs qui y sont liés ?
Pas de liste à présenter aux élections européennes, pas de grand débat national, ni de grandes déclarations du chef de l’Etat, pas non plus de comptage en acte ni de rendez-vous hebdomadaire, et pas de Francis Lalanne en mascotte… Mais quel avenir pour les gilets jaunes belges ? La question est légitime à l’aube des élections du 26 mai, et de ce qui se passe en France : Le plus optimiste y verrait le prélude de grands changements démocratiques et sociaux en Belgique, comme l’adoption des premières lois sociales, voire le suffrage universel. Quant au plus pessimiste, il n’hésiterait pas à le reléguer au rang des nombreuses revendications importées de France, qui n’ont pu prendre racine et porter beaucoup de fruits en Belgique [1]Moustique, le 19/11/2018, Martin Monserez : « Quel avenir politique pour les gilets jaunes ? ».. D’autant plus que les médias n’hésitent pas à souligner que le mouvement s’essouffle [2]Nb. L’essoufflement est rapporté aussi en France : Sudinfo, 18/05/2019, Belga. et le comparent volontiers à une brise légère ou encore à un feu de paille proche de s’éteindre, pour en souligner la faiblesse et le caractère éphémère. Alors que le mouvement français s’apparenterait plutôt à des rafales qui ont secoué avec puissance et régularité la France. [3]7sur7, le 16/01/19, Anthony Marcou « Gilets jaunes : pourquoi le mouvement de révolte souffle-t-il moins fort en Belgique ? ». Les faiblesses actuelles de la mobilisation belge suffisent-elles à prédire son extinction à peine 6 mois de la première mobilisation ? Rien n’est moins certain. En effet, la prudence recommande de ne pas se hâter de donner des pronostics. Car il est vrai que (I) les origines, le symbole, les revendications et les principes d’organisation des mouvements belges et français sont similaires, mais que les mobilisations sur le terrain et les effets politiques sont différents et paraissent moins importants en Belgique, comparativement. Pourtant cette faiblesse apparente du mouvement belge doit être relativisée en appréhendant le mouvement dans son (II) contexte institutionnel, politique et médiatique particulier. Enfin nous verrons que (III) le caractère éphémère du mouvement peut aussi être nuancé, car nous manquons encore de recul quant à ce mouvement récent, et l’histoire de la Belgique nous enseigne que les idées survivent aux humains, qui sont capables de s’organiser. (IV) Enfin, nous examinerons brièvement la question du Référendum d’initiative citoyenne en BelgiqueDocuments joints
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