Depuis plus de 2OO ans, nous sommes entrainé.e.s dans une grande accélération des processus de production et des rythmes de vie. Réinventons une société qui donne une place essentielle à l’attention, la contemplation et la poésie.
A aucune autre époque, les hommes d’action, c’est-à-dire les agités, n’ont été plus estimés. L’une des corrections nécessaires qu’il faut entreprendre d’apporter au caractère de l’humanité sera d’en fortifier dans une large mesure l’élément contemplatif . [1]Friedrich Nietzsche, Humain, trop humain, 1886. Friedrich Nietzsche Quel est le point commun entre l’augmentation des cas de burn-out, la destruction sans précédent de la nature et l’incapacité des responsables politiques de tout bord à encadrer suffisamment les innovations économiques et technologiques, en vue du bien commun ? Toutes ces manifestations pathologiques de notre époque trouvent leur origine dans le culte partagé de la « vitesse ». Selon le sociologue Hartmut Rosa, depuis les débuts la modernité, il y a plus deux siècles, les êtres humains font l’expérience d’une « accélération » unique dans l’histoire de l’humanité des processus de production et des rythmes de vie [2]Hartmut Rosa, Accélération. Une critique du temps social, La Découverte, 2013.. Bon nombre de crises contemporaines – écologique, relationnelle ou existentielle – procèderaient d’une culture commune qui valorise, entre autres, la course, le mouvement, l’affairement, en dépit des temps biologiques de repos, de régénération des corps humains et de la nature. A rebours de cet imaginaire de l’empressement qui entraine le monde vers l’abîme, réinventons collectivement une société qui consacre une place essentielle à la contemplation, l’attention ou la poésie.Attachments
Notes[+]
↑1 | Friedrich Nietzsche, Humain, trop humain, 1886. |
---|---|
↑2 | Hartmut Rosa, Accélération. Une critique du temps social, La Découverte, 2013. |
↑3 | L’expression Time is money » est attribuée à Benjamin Franklin. |
↑4 | Hartmut Rosa, 2013, p.114. |
↑5 | Hartmut Rosa, 2013, p.162. Les propos d’Hartmut Rosa sur l’accélération des rythmes sociaux s’appuient sur l’étude de Manfred Garhammer, Wie Europäer ihre Zeit nutzen. Zeitstrukturen und zeitkulturen im Zeicehn der Globalsierung, Edition Sigma, 1999. |
↑6 | Pablo Servigne et Raphaël Stevens, Comment tout peut s’effondrer, Editions du Seuil, 2015, p.36. |
↑7 | George Moustaki, Le temps de vivre, chanson sortie en 1970. |