Dans le monde entier, le pouvoir démesuré des grandes multinationales est de plus en plus mis en cause. La puissance de certaines d’entre elles étant considérée comme supérieure à celle de certains États, davantage de voix s’élèvent pour réclamer davantage de régulation du secteur privé par le pouvoir public. Ainsi, l’implication d’entreprises dans des cas de violations graves des droits de l’Homme amène la Communauté internationale à se pencher depuis plusieurs années sur ce sujet brûlant.
Comment protéger les populations face à ces mastodontes de la finance, de l’industrie et du commerce international ? Pour répondre à cette question, le concept de « diligence raisonnable » est avancé par les instances internationales. Cette approche permettra-t-elle d’aider les victimes des abus perpétrés, de fixer des limites contraignantes pour les multinationales et de mettre fin aux agissements illicites de certaines d’entre elles? Ce sont en général les États qui sont considérés comme responsable de la bonne application des droits de l’homme. En effet, ils sont tenus à la fois de les respecter [1]L’obligation de « respecter » impose à l’État de ne prendre aucune mesure qui affecte la jouissance de ce droit (accès à une alimentation adéquate)., de les protéger [2]L’obligation de « protéger » exige des mesures par l’État afin d’assurer que les entreprises ou des particuliers ne privent pas les individus de leur accès à une nourriture … Continue reading et de les rendre effectifs [3]L’obligation de « rendre effectif » (donner effet/concrétiser) oblige l’État à s’engager pro-activement dans des activités visant à renforcer l’accès des populations … Continue reading. Mais se limiter au seul rôle joué par les États serait simpliste, voire hypocrite. Tout d’abord parce que d’autres acteurs, comme les entreprises, participent parfois activement aux violations de ces droits. Ensuite, parce que, selon le droit international, les entreprises ont elles aussi des obligations à honorer en la matière [4]Voir par exemple: Conseil Économique et Social des Nations Unies (1999), Comité Des Droits Économiques, Sociaux et Culturels, Questions de fond au regard de la mise en œuvre du Pacte … Continue reading. Mentionnons en premier lieu une obligation « négative » : celle de ne pas porter atteinte aux droits de l’homme (e.i. les « respecter »). De cette obligation négative découlent des obligations positives, notamment l’obligation de «diligence raisonnable », c’est-à-dire celle de s’informer, de prévenir et d’éviter les impacts négatifs de leurs activités sur ces droits.Attachments
Notes[+]
↑1 | L’obligation de « respecter » impose à l’État de ne prendre aucune mesure qui affecte la jouissance de ce droit (accès à une alimentation adéquate). |
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↑2 | L’obligation de « protéger » exige des mesures par l’État afin d’assurer que les entreprises ou des particuliers ne privent pas les individus de leur accès à une nourriture adéquate |
↑3 | L’obligation de « rendre effectif » (donner effet/concrétiser) oblige l’État à s’engager pro-activement dans des activités visant à renforcer l’accès des populations et de l’utilisation des ressources et des moyens pour assurer leur subsistance |
↑4 | Voir par exemple: Conseil Économique et Social des Nations Unies (1999), Comité Des Droits Économiques, Sociaux et Culturels, Questions de fond au regard de la mise en œuvre du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Observation Générale n°12, 20ème Session, Genève, paragraphe 20 |
↑5 | Blin-Franchomme M.-P. (2011), Entreprise et développement durable: Approche juridique pour l’acteur économique du XXIe siècle, Wolters Kluwer France, Coll. Lamy Axe Droit. |
↑6 | http://www.oxfammagasinsdumonde.be/2012/06/euro-2012-et-jo-adidas-dans-loeil-du-cyclone/. |
↑7 | La mise en oeuvre des Principes directeurs par les entreprises est dite “volontaire”, ce qui signifie que ces dernières ne sont pas juridiquement contraintes de le faire |
↑8 | http://www.oecd.org/fr/investissement/principesdirecteurspourlesentreprisesmultinationales/1922470.pdf |
↑9 | Conseil des droits de l’homme de l’ONU (2011), Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme:mise en œuvre du cadre de référence «protéger, respecter et réparer» des Nations Unies. Rapport du Représentant spécial du Secrétaire général chargé de la question des droits de l’homme et des sociétés transnationales et autres entreprises, A/HRC/17/31, Nations Unies. Disponible sur http://www.ohchr.org/Documents/Issues/Business/A.HRC.17.31_fr.pdf. |
↑10 | FIDH (2009), Droits de l’Homme et entreprises: Pour la cohérence et le respect des droits de l’Homme. Note de position à l’attention du Représentant spécial du Secrétaire général chargé de la question des droits de l’Homme et des sociétés transnationales et autres entreprises, Paris. Disponible sur http://www.fidh.org/IMG/pdf/FIDH_position_paper_OHCHR_Consultation_FRA.pdf |
↑11 | Plus d’informations sur http://accountabilityroundtable.org/campaigns/human-rights-due-diligence/ |