On nous le répète à l’envi, nous vivons une époque de transformations, de mutation, de transition. Une époque au cours de laquelle la planète – entendue comme Terre et ses habitants – affronte des crises gigantesques. On ne sait guère ce que le futur nous réserve, mais on comprend de plus en plus qu’il nous faut agir vite et de façon coordonnée pour que cet avenir se révèle moins noir qu’annoncé par bon nombre de spécialistes en la matière .
[1]Il n’est plus besoin de présenter les rapports du GIEC, groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Les rapports sur le développement humain du PNUD, le rapport Stern, … Continuer la lecture Dans ce cadre, l’éducation formelle se présente à la fois comme un terrain d’action et une des pistes de solution. En effet, si nous parvenons à intégrer au cadre scolaire une logique de développement durable, entendue comme approche systémique et globale des enjeux actuels et futurs, nous permettrons aux enfants d’aujourd’hui de disposer des outils nécessaires pour la construction du monde de demain. L’enjeu est énorme pour les écoles, tout autant que les difficultés auxquelles elles font face, lorsqu’elles décident de répondre au défi de penser le développement durable de façon globale et cohérente et d’adresser les deux questions suivantes : « Quelle Terre laisserons-nous à nos enfants ? » et « Quels enfants laisserons-nous à notre Terre ? » [2]JALAJEL, J., LEX, J-M., NOCE, D., Les Cahiers du Développement Durable. 2012.« Notre seule chance aujourd’hui pour éviter les catastrophes annoncées est l’éducation », ainsi résume J-M Lex, coordinateur environnement et développement durable à l’Institut Robert Schuman à Eupen, le formidable défi qui se présente aujourd’hui aux acteurs de l’éducation. [3]Jean-Michel Lex, entretien privé, octobre 2012. Le monde de demain a en effet besoin de citoyens plus ouverts, éveillés aux enjeux globaux, disposant d’une vision systémique et capables de flexibilité et de résilience. [4]Concept issu de la psychologie clinique et formulé initialement par Boris Cyrulnik , il concerne la faculté des individus à rebondir après un événement traumatique et, de cette façon, à y … Continuer la lecture L’éducation doit donc viser à donner les clés de compréhension du monde pour que les enfants se les approprient et apprennent à en faire usage. Il n’est plus envisageable de les éduquer dans l’ignorance de l’aspect global des défis de demain. Face à ce chantier, les écoles ne peuvent être seules. Il s’agit en effet d’un projet que les différents acteurs de la société tout entière doivent soutenir et encourager, à commencer par les institutions politiques et administrations en charge de l’éducation, responsables d’insuffler – ou d’accompagner, dans le meilleur des cas – les dynamiques de changement. Au niveau institutionnel justement, il existe en Belgique un certain cadre au sein duquel les écoles peuvent inscrire leur démarche d’EDD. [5]Citons, entre autres, le décret relatif au renforcement de l’éducation à la citoyenneté responsable et active au sein des établissements organisés ou subventionnés par la Fédération … Continuer la lecture Nous faisons toutefois encore face aujourd’hui à un manque de stratégie globale et de vision politique à long terme sur ces enjeux. Beaucoup de nos dirigeants limitent encore l’EDD au seul domaine de l’environnement, alors qu’elle devrait constituer une trame sous-jacente de plusieurs éducations différentes et complémentaires, incluant les questions de gouvernance, de citoyenneté, de droits de l’Homme, d’égalité et d’économie et de répartition des richesses tant environnementales qu’économiques et sociales. En d’autres termes, il importe, comme le rappelle constamment E. Morin, de penser l’école de façon transversale, de faire des liens entre les matières, entre actions individuelles et collectives, mais aussi entre l’école et la maison :
« Il y a un problème capital, toujours méconnu, qui est celui de la nécessité de promouvoir une connaissance capable de saisir les problèmes globaux et fondamentaux pour y inscrire les connaissances partielles et locales. Il faut apprendre à naviguer dans un océan d’incertitudes à travers des archipels de certitude ».[6] MORIN, E., Sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur, UNESCO, 1999. Au-delà des mots, c’est à un changement radical que l’école est invitée, aussi bien au niveau du contenu que de la pédagogie à mettre en œuvre. Des initiatives allant dans ce sens existent aujourd’hui au sein du monde scolaire, prenant appui sur des collaborations intéressantes. Elles permettent d’envisager concrètement ce changement de paradigme, mais également les limites actuelles et les besoins.
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Notes[+]
↑1 | Il n’est plus besoin de présenter les rapports du GIEC, groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Les rapports sur le développement humain du PNUD, le rapport Stern, etc. |
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↑2 | JALAJEL, J., LEX, J-M., NOCE, D., Les Cahiers du Développement Durable. 2012. |
↑3 | Jean-Michel Lex, entretien privé, octobre 2012. |
↑4 | Concept issu de la psychologie clinique et formulé initialement par Boris Cyrulnik , il concerne la faculté des individus à rebondir après un événement traumatique et, de cette façon, à y survivre en s’adaptant. Par extension, on parlera de résilience écologique d’un éco-système, d’une population ou d’une espèce lorsqu’on évaluera sa capacité à retrouver un fonctionnement normal après un choc, une perturbation importante. Face aux crises globales que nos communautés affrontent aujourd’hui, il nous faut trouver des solutions et nous adapter. Cette nécessaire transformation de nos sociétés relèverait aussi de la résilience. |
↑5 | Citons, entre autres, le décret relatif au renforcement de l’éducation à la citoyenneté responsable et active au sein des établissements organisés ou subventionnés par la Fédération Wallonie-Bruxelles (2007), l’Accord de coopération relatif à l’éducation relative à l’environnement et au développement durable (2004), le Décret Missions, les engagements de la Belgique dans le cadre des Nations-Unies, de l’Agenda 21, de la Déclaration de Rio, etc. |
↑6 | MORIN, E., Sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur, UNESCO, 1999. |
↑7 | Des associations ont fait de l’accompagnement des écoles en ce sens leur mission. COREN, Green Belgium et d’autres peuvent être consultées à ce sujet |
↑8 | Interview réalisée par C. Teret pour le dossier « Le développement durable en questions » de Symbioses (n°94 – printemps 2012), magazine d’éducation à l’environnement du Réseau IDée |
↑9 | À ce sujet, voir notamment l’article de Huckle, J., Education for Sustainability and Ecological Citizenship in Europe: a challenge for teacher education in the 21st Century, papier présenté lors d’une conference à la University of Thrace, Alexandroupolis, Mai 2001. |
↑10 | À ce titre, signalons combien l’ancrage pratique des écoles techniques et professionnelles leur offre un potentiel énorme de développement d’initiatives concrètes en la matière, initiatives qui peuvent même aider les élèves à redonner du sens à leur parcours scolaire. Pour des exemples et des pistes d’actions, voir JALAJEL, J., LEX, J-M., NOCE, D., Les Cahiers du Développement Durable. 2012. |