Un engagement catholique en faveur des Objectifs de développement durable

Les 17 objectifs de développement durable adoptés lors de l’assemblée générale des Nations Unies en septembre 2015 marquent une nouvelle impulsion significative en faveur d’ « un monde libéré de la peur et de la violence, un monde où soient universellement respectés les droits de l’homme et la dignité humaine ».


Le 25 septembre, le Pape François a prononcé un discours inspirant devant l’Assemblée générale des Nations Unies qui a adopté une nouvelle série d’objectifs de développement.
Les 17 Objectifs de développement durable (ODD), couplés à leurs 169 cibles, remplacent les Objectifs du Millénaire pour le développement qui avaient été adoptés par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2000, et ont aidé à sortir près d’un milliard de personnes de l’extrême pauvreté et à réaliser d’importantes avancées dans d’autres domaines, notamment la réduction considérable de la mortalité infantile dans de nombreux pays.

La Commission Justice et Paix espère sincèrement que les nouveaux ODD – auxquels viendra s’ajouter un nouvel accord sur les changements climatiques, qui doit être adopté avant la fin de l’année à Paris – auront un impact plus marqué encore lors de la prochaine décennie.

Le Pape à New-York

Nous estimons que la présence du Pape François à New York et le discours qu’il y a prononcé constituent un engagement catholique de contribuer à la réalisation, d’ici 2030, de l’objectif d’un “monde libéré de la pauvreté, de la faim, de la maladie et du besoin, où toute vie puisse s’épanouir… Un monde libéré de la peur et de la violence, un monde où soient universellement respectés les droits de l’homme et la dignité humaine”.

Nous encouragerons les gouvernements européens à mettre en œuvre des ODD qui, par leur caractère universel, s’appliquent à tous les pays, aux riches comme aux pauvres, avec l’intention d’aider plus particulièrement les pays pauvres nécessitant un soutien spécial. Nous souhaitons également promouvoir les trois dimensions (économique, sociale et environnementale) du concept de développement durable.

Actions soutenues

La communauté mondiale a parcouru un long chemin pour parvenir à l’adoption d’une nouvelle série d’objectifs de développement. Le Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale a contribué efficacement au développement de ce nouveau cadre. Des négociations internationales ont ensuite porté sur le préambule, sur la déclaration, sur la définition finale des objectifs et des cibles, sur les moyens de mise en œuvre et sur les ressources financières avant qu’un accord sur le texte ne soit finalement obtenu le 2 août dernier. Justice et Paix y voit une avancée de taille et se réjouit de ce qui a été réalisé.
L’Objectif 1 qui vise à « éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde » et l’objectif 2 : « éliminer la faim » ouvrent la liste des ODD.
Qui plus est, nous souhaitons, plus particulièrement, soutenir l’objectif 10 : « réduire les inégalités dans les pays et entre pays », la cible 5.c : « Adopter des politiques bien conçues… en faveur de la promotion et de l’autonomisation de toutes les femmes », et la cible 16.2 : « Mettre un terme à la maltraitance, à l’exploitation et à la traite, et à toutes les formes de violence et de torture dont sont victimes les enfants », dans le respect total de la « dignité de la personne humaine » [1]Déclaration, n°4 . Nous soutenons aussi pleinement les cibles 16.5 et 16.6 qui visent à « réduire nettement la corruption et la pratique des pots-de-vin sous toutes leurs formes » et à « mettre en place des institutions efficaces, responsables et transparentes à tous les niveaux » “. Toutes deux sont conformes au projet d’un « monde où soient universellement respectés les droits de l’homme et la dignité humaine » [2]Déclaration, n°8 . Pour réaliser les ODD, il est donc indispensable de tendre vers la bonne gouvernance, le respect de la démocratie et de l’état de droit.

Critiques légitimes

Néanmoins, sans prétendre que les remarques qui suivent constituent une analyse complète de l’ensemble des 17 objectifs et des 169 cibles, nous souhaiterions souligner que le résultat final n’est pas exempt de critiques. Quelques-unes de ces nombreuses cibles sont confuses et n’établissent pas suffisamment la différence entre la fin à poursuivre et les moyens à utiliser. Le trop grand nombre d’objectifs et de cibles empêche parfois de fixer les indispensables priorités. Certains ont écrit que l’actuelle transformation numérique de l’économie mondiale n’est pas suffisamment prise en compte dans les objectifs [3]Cf. OCDE, Digital Economy Outlook 2015, p.73. .
Qui plus est, certains objectifs paraissent peu réalisables, ce qui montre que les ODD ont davantage le caractère d’aspirations dont la traduction concrète est laissé aux Etats membres [4]Déclaration, n° 21 .

Difficultés financières

Pour que les ODD soient réalisés avant l’échéance prévue de 2030, la principale difficulté est d’ordre financier.
D’après les prévisions de la Banque mondiale, qui correspondent parfaitement aux conclusions de la troisième Conférence des Nations Unies sur le financement du développement tenue en juillet dernier à Addis -Abeba, ce ne sont plus des « milliards », mais des « trillons » qu’il faudra consacrer à l’aide au développement pour que les ODD soient atteints dans les 15 prochaines années. La majeure partie de ces sommes devraient provenir de sources privées, ce qui nous semble peu plausible. Les finances publiques, tant nationales qu’internationales, devront jouer un rôle plus important.
Au niveau interne, une perception plus efficace de l’impôt et des régimes fiscaux transparents sont la condition sine qua non si l’on veut « réduire les flux financiers illicites » [5]Cf. Troisième Conférence internationale sur le financement du développement, L’agenda d’action d’Addis Abeba, n° 22 – 23.
Au niveau de la coopération internationale au développement (qui correspond pour l’essentiel à l’aide publique au développement), l’UE doit assumer le leadership politique qu’elle dit avoir. Pourtant, en 2015, il est probable que l’aide globale au développement de l’UE passe à 0,44 %, contre 0,42% (environ 60 milliards d’euros) en 2014. En mai 2015, les Etats de l’UE ont réitéré leur engagement de consacrer 0,7% de leur Produit national brut à l’aide au développement et d’affecter entre 0,15% et 0,2% en faveur des pays les plus pauvres. Malheureusement, ils ont déjà abandonné tout espoir de respecter cet objectif dans le délai qu’ils s’étaient fixé, soit cette année. En lieu et place, le Conseil des Ministres de l’UE a fixé une nouvelle échéance : 2030, date à laquelle les ministres ont promis d’atteindre les cibles financières « dans le cadre de l’agenda pour l’après-2015 [6]Conclusions du Conseil de l’UE : A New Global Partnership for Poverty Eradication and Sustainable Development after 2015, n° 34 ». Au cours des prochaines années, nous souhaiterions plaider pour que ce nouveau calendrier s’accélère et adressera la même demande aux autres pays européens donateurs, comme la Norvège et la Suisse.

Mise en pratique

Finalement, la poursuite des ODD sera une entreprise éminemment complexe. Au niveau national, nous espérons voir apparaître des logiques participatives . Sur la scène internationale, les Nations Unies doivent recevoir assez de fonds de la part de leurs États membres, notamment pour mettre en place des mécanismes de suivi et d’évaluation scientifiques.
Mais l’Organisation des Nations Unies devra, elle-même, réorganiser un travail de coopération au développement trop fragmenté pour être conforme aux ODD. Voilà un enjeu de taille pour le ou la nouveau (nouvelle) Secrétaire général (e) lorsque celui-ci ou celle-ci prendra ses fonctions en 2017.
La réalisation des ODD par la communauté mondiale à l’horizon 2030 dépendra également des efforts constants de communication vers le grand public, ainsi que de l’implication active des organisations religieuses et de la société civile, mais aussi des citoyens. Pour l’instant, nous constatons qu’il existe un fossé entre, d’une part, des diplomates fortement sensibilisés, des militants associatifs et le milieu universitaire et, de l’autre, le citoyen ordinaire qui manque d’informations. Dans le droit fil de l’engagement ci-dessus, Justice et Paix fera de son mieux pour contribuer à combler ce fossé, main dans la main avec ses volontaires et les citoyens belges !


La commission Justice et Paix Belgique francophone

Notes

Notes
1 Déclaration, n°4
2 Déclaration, n°8
3 Cf. OCDE, Digital Economy Outlook 2015, p.73.
4 Déclaration, n° 21
5 Cf. Troisième Conférence internationale sur le financement du développement, L’agenda d’action d’Addis Abeba, n° 22 – 23
6 Conclusions du Conseil de l’UE : A New Global Partnership for Poverty Eradication and Sustainable Development after 2015, n° 34
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