Le 1er juin 2016, Justice et Paix a rappelé aux membres de la Commission relations extérieures de la Chambre des Représentants que l’Afrique centrale doit rester une priorité pour la Belgique. C’est une crise des démocraties que vivent le Burundi et le Congo et nos partenaires, tout comme les diasporas, veulent une parole politique forte!
Un petit mot d’introduction avant d’entrer dans le vif du sujet, cela pour vous permettre de comprendre d’où je parle. Je m’appelle Axelle Fischer et je suis la responsable de la Commission Justice et Paix francophone de Belgique. Nous avons donc des liens particuliers avec les Commissions Justice et Paix du Burundi et de la République démocratique du Congo, des organes de l’Église catholique des deux pays sur lesquels je vais m’attarder. Justice et Paix est reconnue comme ONG par la Coopération belge et fait, entre autres, partie des réseaux associatifs qui travaillent sur l’Afrique centrale comme EURAC au niveau européen et le CNCD au niveau belge. Enfin, nous sommes également une association d’éducation permanente reconnue par la FWB et cela nous donne l’opportunité de travailler avec des membres de la diaspora d’Afrique centrale qui ont rejoint nos Commissions régionales composées de volontaires. Sur la thématique des ressources naturelles, que je mentionnerai également, nous collaborons avec la CIDSE [1]Le Réseau international des ONG de développement catholiques et le RBRN que nous coordonnons avec Elf Elf Elf. Ces quelques mots vous permettent de comprendre les liens qui existent entre nos organisations. Si nous nous sommes concertés au préalable il est fort probable que nous insistions sur des aspects similaires.- en protégeant, première priorité, la population locale qui se trouve isolée. Rappelons que, en janvier dernier, l’Union africaine a renoncé à y envoyer une force de maintien de la paix et a préféré une position d’observateur ;
- en facilitant la mise en route d’un réel dialogue, facilité par une Union africaine légitime et crédible. Cela implique, entre autres, de rendre ce dialogue complètement inclusif, c’est-à-dire en présence des représentants de l’opposition politique et/ou armée compte tenu du contexte et des circonstances à l’origine de la crise actuelle, ce à quoi l’actuel Président se refuse jusqu’à aujourd’hui. Ce qui implique de se pencher sur la question des prisonniers politiques.
- en exigeant de l’état burundais le respect des droits humains et en permettant ainsi le retour des réfugiés dont les responsables des ONG et associations locales ayant fui pour assurer leur sécurité. Parmi les questions lancinantes qui se posent : qui reste-t-il au pays ? Et que peut-on encore dire ?
- à ce sujet, relevons le courage des défenseurs des droits humains restés au pays ainsi que du collectif de journalistes « SOS médias » qui dans l’ombre, avec du matériel très basique et au dépens de leur vie, continuent à assurer une information accessible via Internet mais donc principalement accessible aux élites et observateurs internationaux ;
- relevons également que l’Église catholique au Burundi, par mesure de prudence, se prononce moins publiquement depuis le mois de mars (l’équipe de Justice et Paix à Bujumbura a fait l’objet de menaces de mort et une partie de ses membres a dû fuir le pays) mais essaie de maintenir un dialogue avec les autorités ;
- j’aimerais profiter de ce temps de parole pour insister également sur l’importance que la Belgique et l’Europe puissent bénéficier des témoignages de nos partenaires locaux. Malheureusement, faire venir nos collègues burundais est devenu un vrai parcours du combattant tellement la crainte d’afflux de réfugiés a compliqué la procédure d’obtention de visa.
- une piste diplomatique pour nos pays européens serait de travailler à un dialogue avec l’Angola considéré actuellement comme un pays allié du Burundi et acteur incontournable de par sa force militaire et économique. Bien que lui-même peu regardant des enjeux démocratiques, le risque de voir la région s’embraser pourrait l’encourager à avoir un rôle positif auprès du Burundi et du Congo.
- que Joseph Kabila respecte les délais constitutionnels et organise les élections. À ce sujet, une pétition [5]Actuellement plus de 1300 signatures récoltées coordonnée par les volontaires de la Commission Justice et Paix du Brabant-wallon montre à quel point la diaspora congolaise, entre autres, est attachée au principe d’alternance au pouvoir ;
- que les responsables politiques et militaires impliqués dans les violations des Droits humains soient individuellement reconnus responsables de leurs actes, ouvrant ainsi la possibilité de sanctions pénales ;
- que la résolution 2277 adoptée le 30 mars dernier par le Conseil de sécurité des Nations Unies (pour une sortie de crise du pays) soit respectée et que le dialogue national puisse être accompagné par la Communauté internationale en vue d’en permettre la transparence et l’indépendance.
Documents joints
Notes[+]
↑1 | Le Réseau international des ONG de développement catholiques |
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↑2 | J’ai à votre disposition un listing réalisé par Justice et Paix Burundi qui a recensé les corps de près de 813 personnes mortes entre avril 2015 et mai 2016. |
↑3 | Le dernier communiqué au sujet des enfants au Burundi date de novembre 2015. |
↑4 | Signalons à ce sujet l’intéressante démarche commune de la Commission Justice et Paix du Congo et de l’AETA (Agir pour des élections transparentes et apaisées), partenaires des coupoles CNCD et Elf Elf Elf. |
↑5 | Actuellement plus de 1300 signatures récoltées |