Les femmes réfugiées sont souvent absentes des discours politiques, recherches et médias. En ce 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, rendons les visibles car l’histoire des femmes en besoin d’une protection internationale, souvent différente de celle des hommes, mérite d’être racontée.
En 2017, 68.5 millions de personnes ont été forcées de quitter leur chez-soi. On parle alors de déplacement forcé car un élément de coercition est à l’origine du mouvement migratoire, en raison de menaces à l’encontre de la vie ou de l’intégrité des personnes concernées. Parmi ces personnes, 40 millions sont déplacées à l’intérieur des frontières de leur propre pays. Les autres cherchent refuge à l’étranger et peuvent dès lors être qualifiées de migrant·e·s forcé·e·s [1]Les femmes migrent en moyenne autant que les hommes. Elles représentent environ 48% des 258 millions de migrants internationaux dans le monde. Le migrant renvoie à toute personne qui quitte son … Continuer la lecture. On dénombre pas moins de 25.4 millions de réfugié·e·s [2]Le statut de réfugié·e est octroyé à celle ou ceui qui, du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, … Continuer la lecture et 3.1 millions de demandeur·euse·s d’asile à travers le monde. En 2017, 1 réfugié·e sur 2 était une femme. Les femmes constituent donc une part non négligeable des personnes en besoin de protection internationale. Cette réalité varie toutefois en fonction des régions. Les femmes représentent 39% des réfugié·e·s en Europe, 47% en Amérique, 48% au Moyen-Orient, 48% en Asie, et 51% en Afrique. Malgré ces chiffres, les femmes sont souvent absentes des discours politiques et médiatiques, la figure de la personne en recherche de protection internationale étant souvent associée à celle d’un homme. Pourtant, la condition de femme peut aussi bien influencer les motivations de départ de la personne déplacée, son parcours migratoire que le statut qui lui est accordé et l’accueil qui lui est réservé dans le pays de destination. Ne pas reconnaître ces spécificités menace de perpétuer, voire d’exacerber certaines vulnérabilités et discriminations. Cette analyse présente les difficultés spécifiques que rencontrent les personnes s’identifiant comme femmes, qui ont été forcées de quitter leur pays et qui ont introduit une demande de protection internationale en Belgique. Il s’agit toutefois de préciser deux aspects avant de continuer notre propos. D’une part, cette analyse porte exclusivement sur la migration forcée vers la Belgique. Celle-ci ne représente donc qu’une part infime des flux de migration forcée à l’échelle mondiale. Rappelons à ce sujet que l’Europe (hors Turquie) n’accueille que 14% de la population mondiale de réfugié·e·s. D’autre part, cette analyse se limite à considérer les circonstances qui poussent les femmes à quitter leur pays d’origine spécifiquement parce qu’elles sont femmes. Dès lors, nous n’abordons ni les causes qui affectent simultanément les femmes et les hommes ni les difficultés qui leur sont communes. De même, nous nous contentons d’étudier une partie spécifique d’une analyse de genre plus large. Rappelons que le « genre » fait référence de manière plus générale aux relations entre êtres humains basées sur leur identité, leur statut, leurs rôles et leurs responsabilités qui sont définis ou construits socialement ou culturellement. Le genre est ainsi une notion plus étendue qui inclut également les personnes LGBTQ+. Dans le cadre de la présente analyse, nous nous limiterons donc à présenter les spécificités des personnes identifiées comme femmes.- Le statut de réfugié·e est octroyé à celui ou celle qui, du fait de sa race, religion, nationalité, appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, risque d’être persécuté·e. [6]Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, article 1.. Cette définition ne fait pas explicitement référence aux persécutions liées au genre. Toutefois, il est généralement reconnu que les femmes appartiennent « à un certain groupe social », et que la définition de la personne réfugiée, interprétée correctement, englobe donc les demandes de protection liées au genre.
- Le statut de protection subsidiaire est accordé à la personne qui ne peut être considérée comme réfugiée, et à l’égard de laquelle il y a de sérieux motifs de croire que, si elle était renvoyée dans son pays d’origine ou, dans le cas d’une personne apatride, dans le pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle, elle encourrait un risque réel de subir des atteintes graves, et qui ne peut pas ou, compte tenu de ce risque, n’est pas disposée à se prévaloir de la protection de ce pays.
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Notes[+]
↑1 | Les femmes migrent en moyenne autant que les hommes. Elles représentent environ 48% des 258 millions de migrants internationaux dans le monde. Le migrant renvoie à toute personne qui quitte son lieu de résidence et franchit une frontière afin de s’y installer. |
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↑2 | Le statut de réfugié·e est octroyé à celle ou ceui qui, du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, risque d’être persécutée. Un·e demandeur·euse d’asile, ou demandeur·euse de protection internationale selon la nouvelle terminologie belge, est une personne qui a introduit une demande de protection et qui est en attente de détermination de statut. |
↑3 | La réinstallions consiste à sélectionner et transférer des réfugié·e·s d’un premier pays d’accueil – au sein duquel ses perspectives d’intégration sont limitées – vers un pays tiers. |
↑4 | Le regroupement familial est une procédure qui permet aux membres d’une famille de rejoindre la personne résidant en Belgique. Sont considérés comme faisant partie d’une même famille uniquement le conjoint officiel et les enfants mineurs. Le titre de séjour des personnes qui rejoignent le résidant via un regroupement familial dépend d’une vie commune d’au moins cinq ans. Cette situation peut créer une dépendance administrative qui contraint la personne à rester avec son conjoint même en cas de difficultés de couple, et potentiellement être à l’origine de chantage au sein du cercle familial. |
↑5 | Vrouwenraad. Asile et migration : l’accueil des femmes dans les centres. Vers une politique d’accueil sensible au genre. Rapport final. Juin 2010. |
↑6 | Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, article 1. |
↑7 | La traite des êtres humains est un crime qui consiste à recruter, transporter, transférer, héberger ou accueillir une personne en ayant recours à la force, à la contrainte, à la tromperie ou à d’autres moyens, en vue de l’exploiter. L’exploitation peut être sexuelle, de travail ou les services forcés, l’esclavage ou les pratiques analogues à l’esclavage, la servitude ou le prélèvement d’organes. Protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée. |