Alors que la violence et les conflits s’intensifient à travers le monde, la Journée internationale de la paix nous offre un moment pour réfléchir au rôle que nous avons à jouer dans ces crises. Aujourd’hui, développer une culture de paix est plus important que jamais. Celle-ci ne se limite pas uniquement à l’absence de guerre, mais vise à transformer nos sociétés en espaces propices au dialogue et au respect mutuel. À une époque marquée par des tensions sociales croissantes, par la montée des extrêmes politiques et la prolifération des discours polarisants, nous devons agir pour renforcer le vivre-ensemble.
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Un monde sous tension
Des guerres en Europe et au Moyen-Orient, aux conflits armés ou sociaux dans certains pays d’Afrique, d’Amérique, d’Asie, les sociétés sont secouées par des crises de plus en plus complexes1. Ces conflits, longtemps éloignés de nos frontières, sont désormais omniprésents dans les médias; les images de destruction, de souffrance et de désespoir nous atteignant directement.
En Belgique, les répercussions de ces conflits internationaux se font également sentir. Par exemple, la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, causée en partie par la guerre en Ukraine, a eu un impact direct sur les ménages belges, en particulier ceux en situation de précarité.
De plus, les conflits qui secouent des régions comme l’Afrique centrale ou le Moyen-Orient trouvent un écho dans nos villes via nos débats publics, exacerbant les divisions sociales et culturelles. Les communautés issues de l’immigration, souvent déjà marginalisées, ressentent une pression accrue due à la stigmatisation et aux représentations médiatiques négatives. Cette situation alimente parfois un sentiment de rejet, surtout chez les jeunes appartenant à ces communautés.
Le monde médiatique actuel joue un rôle fondamental dans la diffusion des informations liées aux conflits internationaux. À travers les médias traditionnels et digitaux, ceux-ci sont rapidement et quotidiennement propulsés dans nos vies. La manipulation de l’information influence les guerres modernes, rendant floue la frontière entre conflit et paix. Les images de guerre et de destruction, largement relayées, contribuent à la paralysie de l’opinion publique et à la montée des discours extrémistes, qui freinent les efforts de dialogue et de réconciliation en Belgique et en Europe, signe alarmant d’une dégradation sociale.
Face à ce flot constant de violence, un sentiment d’impuissance peut grandir au sein de la population belge. L’exposition continue à ces conflits et aux souffrances peut effectivement conduire à un repli sur soi, les problèmes semblant trop complexes pour être résolus. Les discours populistes exploitent la peur des conflits, des migrant·es, et de l’insécurité pour promouvoir des idéologies de haine et de rejet de l’autre. Ces discours ne sont pas seulement dangereux pour notre démocratie, ils sapent également notre vivre-ensemble, rendant la paix encore plus difficile à atteindre.
Face à l’impuissance, agissons pour la paix
La culture de paix nous offre une réponse pour faire face à ces défis. Elle s’oppose frontalement aux dynamiques de polarisation et de division, favorisant plutôt le dialogue, la justice sociale et le respect des droits humains.
Contrairement à la vision simpliste de la paix, réduite à l’absence de guerre – la « paix négative » – la « paix positive » est une approche plus holistique. Il ne suffit plus de déposer les armes, il est impératif de construire des sociétés où chacun a une place, où les inégalités sont réduites, et où la violence ne trouve plus de terreau fertile pour croître.
Ces valeurs sont essentielles pour construire des sociétés plus justes et inclusives, où chacun·e se sent reconnu·e et en sécurité. Face aux crises mondiales, la culture de paix est plus que jamais un choix nécessaire. Elle est notre rempart contre l’intolérance et la haine.
Le rêve d’une paix mondiale, tant désirée par les générations passées et présentes, est à portée de main, mais elle exige des actions concrètes de la part de toutes et tous. Pour concrétiser cette vision, chaque acteur·ice de la société — qu’il ou qu’elle soit représentant·e du gouvernement, média, organisation de la société civile ou individu — doit jouer un rôle actif.
Les gouvernements nationaux ont un rôle central à jouer dans l’instauration d’une culture de la paix. Ils doivent réformer les politiques publiques pour intégrer des principes de justice sociale, de réduction des inégalités et de promotion de la paix. Les programmes éducatifs doivent être adaptés pour enseigner, dès le plus jeune âge, la résolution pacifique des conflits et le respect des droits humains. Les gouvernements peuvent également faciliter le dialogue entre communautés, soutenir les initiatives locales en faveur de la paix et investir dans des projets de développement durable qui favorisent une société plus équitable.
Il est également essentiel que les médias puissent participer à la compréhension des causes profondes des conflits par les citoyen·nes, en favorisant les discours et initiatives de paix et en laissant une place moins importante à la violence « spectaculaire ».
Les organisations de la société civile ont également un grand rôle à jouer. Elles permettent une mise en avant de la culture de paix en organisant et en promouvant des espaces de dialogue et de réflexion, des échanges culturels et des activités favorisant la compréhension mutuelle et la coopération entre différentes communautés. Elles cherchent également à agir sur les perceptions comportements individuels, notamment à travers la diffusion de campagnes de sensibilisation, l’organisation d’événements, etc. Elles sont souvent en première ligne pour soutenir les victimes de violences et pour développer des programmes qui intègrent les valeurs de la paix et de solidarité.
Les citoyen·nes, quant à eux-elles, sont les pierres angulaires de cette transformation. Chaque personne peut contribuer à l’instauration d’une culture de la paix en modifiant ses propres attitudes et comportements. Prendre conscience de l’importance de la paix et agir de manière pacifique dans les interactions quotidiennes sont des premiers pas essentiels. Il est crucial de ne pas se laisser submerger par ce sentiment d’impuissance et de déceler les discours polarisants, simplistes et parfois complotistes auxquels nous faisons face chaque jour simplement en allumant notre smartphone. Les individus peuvent également s’engager dans des initiatives locales, participer à des projets communautaires visant à renforcer la cohésion sociale, et défendre les valeurs de tolérance et de respect des droits humains.
La culture de la guerre, encore dominante dans de nombreux aspects de la société, doit être remplacée par une culture de la paix. Cette approche implique non seulement des changements dans les politiques et les institutions, mais aussi une évolution des mentalités. Les valeurs de la paix, de la tolérance, et du respect doivent être intégrées dans la conscience collective et les pratiques quotidiennes. Cette démarche nécessite un effort coordonné entre les gouvernements, les médias, la société civile et les individus pour réformer les systèmes qui perpétuent les conflits, et promouvoir une culture où la paix est valorisée et pratiquée.
Ensemble, engageons-nous pleinement à tous les niveaux, transformons la société et construisons un monde où la paix n’est pas seulement un idéal lointain, mais une réalité vécue chaque jour.
Louise Lesoil.