Le 23 décembre prochain, les citoyens de la République Démocratique du Congo (RD Congo) seront appelés aux urnes. De nombreuses questions relatives à l’organisation des élections présidentielles, législatives et provinciales restent encore en suspens. Aussi, d’aucuns craignent un nouveau blocage politique, voire un nouveau report des élections, si un consensus ne se dégage pas rapidement.
Deux années après l’expiration du mandat du Président Joseph Kabila, les élections qui désigneront son successeur n’ont toujours pas eu lieu. Ces dernières se tiendront finalement le 23 décembre 2018. Et il s’agit d’une échéance importante : depuis l’indépendance, ces élections seront les premières à voir un Président congolais en exercice quitter ses fonctions de son plein gré [1]C’est-à-dire sans être renversé par la force, ou tué pendant l’exercice de son mandat. On peut nuancer quelque peu ces propos car le Président aura mis plus de deux ans à consacrer sa … Continuer la lecture . Si l’annonce du Président Joseph Kabila de ne pas se représenter pour un nouveau mandat et la nomination d’un « dauphin » par la majorité présidentielle ont été saluées, le processus d’organisation des élections continue à susciter des inquiétudes à plusieurs égards. Les autorités congolaises avaient tout d’abord demandé à leurs partenaires d’augmenter leur contribution financière pour soutenir l’organisation des élections. Ces contributions, jugées insuffisantes avaient nourri un argument pour postposer les élections. Mais les autorités ont depuis lors fait marche arrière considérant les appuis financiers étrangers comme de l’ingérence. La MONUSCO qui devait apporter son soutien au processus (pour acheminer du matériel notamment) a également été évincée. De nombreuses personnes s’interrogent aujourd’hui sur la capacité du gouvernement à financer [2]La RD Congo s’était engagée à financer les élections pour un coût estimé à 500 millions de dollars – l’équivalent de 10% du budget de l’Etat pour l’année 2018. et à assurer, seul, la logistique d’une telle élection dans un territoire qui, on le rappelle, fait l’équivalent de 80 fois la taille de la Belgique. Au-delà de ces questions, et de certains retards accusés par rapport aux prévisions du calendrier électoral, c’est également la volonté d’organiser des élections libres, crédibles et apaisées qui est mise en doute à trois mois de cette échéance cruciale.Documents joints
Notes[+]
↑1 | C’est-à-dire sans être renversé par la force, ou tué pendant l’exercice de son mandat. On peut nuancer quelque peu ces propos car le Président aura mis plus de deux ans à consacrer sa promesse et à nommer un successeur. Il a de plus subi une très forte pression de la part de la communauté internationale. |
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↑2 | La RD Congo s’était engagée à financer les élections pour un coût estimé à 500 millions de dollars – l’équivalent de 10% du budget de l’Etat pour l’année 2018. |
↑3 | Suite à l’enregistrement des électeurs dans le « fichier électoral », des contestations ont eu lieu quant à la qualité de ce dernier. Aussi, la CENCO a demandé à plusieurs reprises que ce fichier soit audité par une instance habilitée de sorte à pouvoir pallier les failles identifiées et à accroitre ainsi la qualité de ce fichier. |
↑4 | En parallèle, 15 355 et 19 640 candidatures ont respectivement été déposées pour la députation nationale et les provinciales. |
↑5 | Entre le 1er janvier et le 31 août 2018, Reporters Sans Frontières a recensé 22 cas d’agression et 35 arrestations dont la plupart ont été menées en dehors de tout cadre légal. |
↑6 | CENCO, Message de la 55ème Assemblée plénière de la CENCO, « Sauvons le processus électoral », juin 2018. » |