Le Pape François a choisi le thème de la Miséricorde pour guider l’année 2016. Au-delà des échos médiatiques et de l’agenda de l’Église catholique, ce terme ne renvoie-t-il pas inévitablement à des réalités vécues dans de nombreux pays qui vivent des violences ?
“L’Église mobilise tous azimuts pour la miséricorde” titrait le 18 janvier 2016 le quotidien La Libre Belgique. Référence était ainsi faite à l’année de la Miséricorde choisie par le Pape François. À l’heure où le monde est devenu un village, les enjeux internationaux touchent inévitablement les citoyens belges : ces derniers peuvent se sentir spectateurs impuissants des réalités retransmises par les médias ; mais ils peuvent également percevoir au quotidien la souffrance vécue par leurs concitoyens venus chercher refuge en Belgique. C’est donc un fameux défi qui est proposé cette année par le leader religieux catholique. L’année de la Miséricorde… quel beau mot… quelle tâche difficile ! C’est un fameux défi qui est proposé cette année par le leader religieux catholique. L’année de la Miséricorde… quel beau mot… quelle tâche difficile !- Au niveau macro, la réconciliation «structurelle » a pour objectif l’unique co-existence. Elle se base sur l’intérêt des parties en jeu. Ainsi, la réconciliation franco-allemande après la seconde guerre mondiale, et par là-même la construction européenne, avait pour premier objectif les intérêts économiques et la reconstruction post-conflit. Ce sont donc les instances politiques qui sont à l’initiative.
- Au niveau meso, la réconciliation de type socio-psychologique va plus loin et touche au coeur des gens, à leurs relations. Elle a pour objectif de susciter le respect entre les parties prenantes. Le même exemple franco-allemand peut illustrer cette vision mais on n’est plus ici au niveau institutionnel. On parle des relations entre les populations : échange de huit millions d’étudiants via l’OFAJ (Office Franco-allemand pour la Jeunesse) ou les jumelages de villes et villages.
- Enfin, au niveau micro, l’objectif est ambitieux. Il se situe à un niveau spirituel et souhaite établir une harmonie. Cette vision est fortement basée sur le pardon comme condition d’une véritable guérison collective, des victimes et des bourreaux. Le cas emblématique de l’Afrique du Sud illustre parfaitement cette approche : la Commission Vérité et Réconciliation a eu pour objectif de favoriser une réconciliation nationale, entre victimes et auteurs des violations des droits humains, et ce au lendemain de l’Apartheid. Cette expérience, bien que non-exempte de difficultés et de limites, a servi de modèle à d’autres initiatives au lendemain de conflits.
- Le pardon-coercition, contrainte d’une autorité qui vise l’unité à tout prix « pour maintenir la cohésion sociale » ;
- Le pardon-transaction qui, à l’initiative de la victime ou du bourreau, a pour fin une transaction de type « marchande » : obtenir des excuses; une réduction de peine…
- Le pardon-réciprocité pour lequel l’intervention d’un tiers, facilitateur, est souvent nécessaire, permet la mise en place d’un cadre de reconnaissance mutuelle qui laisse un espace à l’autre, victime ou bourreau.
- Le pardon-révolution est à l’initiative unique de la victime qui donne, sans contrepartie, son pardon. Mais une réversibilité est possible puisqu’une ouverture est laissée au bourreau : ce dernier peut, en toute liberté se repentir.
Documents joints
Notes[+]
↑1 | Les propos de Valérie Rosoux ont été recueillis le 12 décembre 2014 lors d’un atelier d’échange sur l’éducation à la mémoire organisé par Justice et Paix en collaboration avec l’ONG RCN Justice et Démocratie. |
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↑2 | Idem. |
↑3 | “Le pardon est-il durable ? Une enquête au Rwanda” aux éditions François Bourin, 2014. |