Le 15 juin s’est achevée la semaine minière de la République Démocratique du Congo (RD Congo), un évènement annuel qui vise à promouvoir les opportunités d’investissement dans le secteur minier et le rôle positif que cette industrie peut jouer pour répondre aux défis du pays. Pourtant, derrière les célébrations fastueuses se cache une réalité bien différente. En RD Congo, l’impact du secteur minier sur la société et l’environnement continue d’entraver sérieusement le chemin vers un développement égalitaire et durable. Si cet événement constitue une opportunité intéressante pour réunir les représentants de l’État congolais et les grandes entreprises privées qui investissent en RD Congo, il convient toutefois de se questionner sur son rôle et ses implications par rapport aux politiques sociales et environnementales du pays. L’absence des représentants de la société civile se traduira-t-elle par un manque de prise en compte de ces thématiques ?

Une enquête d’échantillonnage menée en 2010 par le PNUE dans la région de la ceinture de cuivre du Katanga a démontré que la pollution des eaux de surface est très répandue, principalement à cause des déchets de cobalt et de cuivre. Dans une rivière au Katanga, les sels toxiques atteignent une concentration de cobalt supérieure à 10%. Ce phénomène appelé « pink poisons » (poisons roses en français) se produit sur les lits des rivières où, pendant la saison sèche, des sels de cobalt, de zinc et de cuivre se déposent et s’accumulent sur les berges. Ces sels roses sont considérés comme un poison pur et présentent des risques considérables pour la santé humaine. La toxicité du cobalt peut causer des dommages cardiaques, des maladies thyroïdiennes, des dermatites de contact, de l’asthme et des maladies pulmonaires. De plus, les concentrations élevées de métaux lourds constituent une menace pour le bétail, les espèces aquatiques et d’autres animaux sauvages.
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Notes[+]
| ↑1 | La RD Congo dispose par exemple d’importantes réserves en cuivre, or, cobalt, diamant, tantale et étain. World Bank, “Democratic Republic of Congo. Growth with governance in the mining sector”, Report No. 43402-ZR, Africa Region, Washington DC, 2008, p.13. |
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| ↑2 | « Le Katanga : Entre croissance économique portée par le secteur minier et un développement en demi-teinte », Observatoire des Grand Lacs en Afrique, Note n°10, 2013. |
| ↑3 | La présence de compagnies britanniques est un indicateur du fait que le secteur minier est actuellement plus prometteur que jamais. |
| ↑4 | R. Auty, Sustaining Development in Mineral Economies: The Resource Curse Thesis, London and New York, Routledge, Taylor and Francis Group, 1993, p.6. |
| ↑5 | M. P. Todaro, S. C. Smith, “Economic Development. Twelfth Edition”, Pearson Education, Boston, 2015, pp.492-493. |
| ↑6 | G. Magrin, “Voyage en Afrique Rentière, une lecture géographique des trajectoires du développement”, Publications de la Sorbonne, Paris, 2013, p.177. |
| ↑7 | “The Democratic Republic of the Congo Post-Conflict Environmental Assessment”, United Nations Environment Programme, Nairobi, 2011. |
| ↑8 | “Equity in Extractives: Stewarding Africa’s natural resources for all”, Africa Progress Report 2013, Africa Progress Panel, p.58. |
| ↑9 | L’article 402 du Code minier de 2002 prévoit par exemple que 40% des redevances soient restituées aux provinces. Précisément 25% iraient au gouvernement provincial et 15% aux régions où se déroulent les activités minières. Dans les faits cela ne s’est pas avéré suffisant puisque certaines autorités provinciales se sont plaintes de la non-application de ces règles, ainsi que d’un manque de transparence dans la description des méthodes d’application, de comptabilité et de contrôle des recettes. |
| ↑10 | Plus de la moitié du cobalt extrait dans le monde provient de la RD Congo. L’augmentation de la demande en voitures électriques implique donc inévitablement une augmentation de l’exploitation du cobalt en RD Congo. |



