Boko Haram a été fondée par un leader charismatique, Mohammed Yusuf, en 2002, à Maidiguri au nord du Nigeria. Dès son début, la secte vise l’islamisation du Nigeria, affirmant que la corruption au sein de l’État, l’exclusion politique et l’inégalité sociale seraient éradiquées en adhérant aux principes de la secte. Jusqu’en 2009, le groupe était vu comme un mouvement pacifiste, jusqu’en juin 2009 qui a vue une courte et violente révolte initiée par le groupe avec comme objectif l’établissement d’un État Islamique au nord du Nigeria. Les forces armées nigérianes ont réprimé l’insurrection en tuant près de 800 civils et le leader du groupe.
Depuis lors, le groupe a recours à l’hyper-violence. Les églises, les écoles, les institutions de l’État ainsi que des ONG internationales en sont les cibles principales. Le recrutement massif et forcé des jeunes est aussi une pratique très répandue. C’est notamment le cas des Almajiri, des jeunes issus de familles très pauvres envoyés loin de leurs villages pour étudier l’Islam. Éloignés de leurs familles, ces jeunes se trouvent dans une situation alarmante, sans aucune éducation formelle ni soutien social, psychologique ou matériel. Dans ces conditions, les Almajiri, ainsi que d’autres jeunes nigérians sans perspective d’emploi ou d’éducation future, deviennent vulnérables au discours prôné par des groupes tels que Boko Haram. Il est ainsi urgent de porter un regard global sur les conditions de vie des jeunes, afin que le radicalisme ne soit pas une alternative possible de vie [2].
À présent, plusieurs analyses s’attardent sur les implications stratégiques de l’insurrection de Boko Haram au nord du Nigeria. En effet, les épisodes de violence s’accentuent sur cette région mais posent un défi sécuritaire sur la région subsaharienne, un territoire dans sa grand majorité hors de contrôle. Un des exemples les plus parlants est l’enlèvement de plus de 100 jeunes filles. L’armée mis plus d’un an à trouver leur trace. La campagne violente de Boko Haram a gagné en capacité et en membres adhérents, qui viennent en grande partie du Tchad, Mauritanie, Niger, Somalie et Soudan. On note même un participation de combattant de ce groupe dans les camps d’entraînement du groupe Al Shabaab en Somalie.
Cependant, Boko Haram reste peu clair sur la provenance de ses sources de financement et sur sa possible appartenance à un réseau terroriste plus large. En mars 2015, Boko Haram a proclamé son allégeance à l’État Islamique dans une déclaration qui a fait le tour du monde. Mais, plusieurs analystes se montrent sceptiques. En effet, cette déclaration a été précédée par de violentes attaques de l’armée nigériane en partenariat avec d’autres nations africaines sur ses campements, ce qui aurait mis une grande pression sur le groupe pour attirer l’attention et partant, de nouvelles sources de financement [3].
La radicalisation et les actes de violence extrême au Nigéria sont un défi majeur pour la région, mais aussi pour la communauté internationale. Cependant, pendant que la « War on Terror » prend à nouveau de l’ampleur, nourrie par les amalgames médiatiques et la peur collective, les causes concrètes de la radicalisation et du conflit demeurent ignorées. Un conflit localisé peut ainsi devenir un facteur déstabilisateur majeur au niveau régional et/ou global. Néanmoins, il est de plus en plus évident que toute stratégie pour contourner la menace et la violence, si elle n’est pas accompagnée d’une approche plus globale, pourrait être vouée à l’échec.