Alors que le 10 mai prochain des élections présidentielles devraient avoir lieu en Pologne, le parti PIS au pouvoir (Parti Loi et Justice), dirigé dans l’ombre par le puissant et le populiste Jaroslaw Kaczynski exige que celles-ci soient organisées à tout prix, malgré la crise sanitaire actuelle. Pour ce faire, PIS essaie de démanteler le système électoral du pays afin de permettre au favori du parti, l’actuel président Andrzej Duda, de briguer un deuxième mandat. Ceci alors que la Constitution du pays stipule bien que la loi électorale ne peut être changée à moins de six mois des élections. Le PIS vient tout de même de proposer une initiative législative à un mois des élections présidentielles, bafouant une nouvelle fois toute autorité juridique. L’opposition décrit d’ailleurs cela en termes de « coup ».
Concrètement, dans le contexte du coronavirus, les citoyens pourraient voter par la poste, sans que des bureaux de vote physique soient mis en place. Tout se ferait par correspondance et constituerait une première dans l’histoire du pays. Ce scénario fort probable entraîne déjà toute une série de craintes, notamment au niveau logistique vu que la poste polonaise devrait livrer les bulletins de vote à tous les citoyens, en arrêtant temporairement les autres livraisons.
Pire encore, suite à l’annonce de « menace épidémique » faite par le gouvernement, tous les candidats à l’élection présidentielle ont suspendu leur campagne électorale, sauf le candidat du gouvernement, Andrzej Duda, présent en permanence dans les médias contrôlés politiquement et gagnant ainsi un net avantage dans les sondages. Mais l’enjeu des élections présidentielles concerne le leader de facto du pays, Jaroslaw Kaczynski, qui cherche à s’assurer que le pays sera dirigé par l’un de ses dauphins afin de pouvoir continuer à tirer les ficelles derrière la scène politique.
Comme la Hongrie, la Pologne est également engagée dans un bras de fer avec l’Union européenne qui a enclenché l’article 7 du Traité de l’UE le 20 décembre 2017 suite aux réformes du système judiciaire entreprises par le gouvernement polonais. Ces réformes visaient notamment la baisse de l’âge de retraite des juges tout en laissant la possibilité au ministre de la justice de maintenir certains, à savoir ceux fidèles au pouvoir en place. En réalité, à travers cette mesure, le gouvernement a cherché à asservir la justice et se débarrasser de toute critique.
Pourtant, l’efficacité même de ce mécanisme lié à l’article 7 du Traité est souvent remise en question, notamment parce que toute sanction requiert l’unanimité au sein du Conseil de l’UE. La Pologne et la Hongrie se soutiennent mutuellement en utilisant leur droit de veto à chaque fois qu’elles sont sous les radars de l’UE.