Le terme « bien commun » sert toutes les causes actuellement. Pourtant, le sens de cette notion est loin d’être simple à saisir, notamment parce que trois approches, certes complémentaires mais néanmoins très différentes, coexistent. L’une d’elle pourrait se révéler particulièrement porteuse en cette période de crise… [/Photo : vincent desjardins, flickr /]
Le terme « bien commun » sert toutes les causes actuellement. Pourtant, le sens de cette notion est loin d’être simple à saisir, notamment parce que trois approches, certes complémentaires mais néanmoins très différentes, coexistent. L’une d’elle pourrait se révéler particulièrement porteuse en cette période de crise… Les crises se multiplient, le système actuel craque de toutes parts. Face à cette débâcle annoncée, on observe que, dans de nombreux champs, des acteurs s’inscrivent dans un mouvement dont la diversité n’a d’égal que la créativité mais qui est partout caractérisé par une approche différente de la gestion de ce qui est considéré comme bien commun. « Bien commun », voilà le mot lancé ! Ailleurs on parlera de commons, de biens communs, de communs. La racine de ces différents termes est le mot latin communis, qui signifie ce qui est commun, appartient à plusieurs ou à tous. Mais au-delà de cette base, que recouvrent ces termes ? Parle-t-on toujours de la même chose quand on emploie l’expression « bien commun »? Et puis, comment expliquer le succès contemporains de cette notion ? Pour aborder ces questions et comprendre pourquoi des interprétations différentes existent, notre « angle d’attaque » sera l’évolution historique du concept, à l’origine de trois conceptions différentes. La plus ancienne est philosophique et peut être rattachée à la fois à Aristote et à la doctrine sociale de l’Eglise catholique quant à la recherche du bien commun. Une deuxième approche est issue de la recherche d’Elinor Ostrom qui, à la fin du XXe siècle, concentra ses travaux sur les formes d’auto-organisation et d’auto-gouvernance de l’action collective. Enfin, nous envisagerons une approche plus récente de la notion de « biens communs », celle des commoning, née d’une remise en question fondamentale du modèle marchand actuel. Ces éléments nous permettront de comprendre en quoi cette question nous concerne, en tant que citoyens et responsables politiques belges. En effet, si chacun doit prendre sa part pour sortir de la crise actuelle, les biens communs constituent une piste à considérer sérieusement…Documents joints
Notes[+]
↑1 | Tine de Moor précise qu’on parlait de Genossenschaften en Allemand, de markegenootschappen ou de meenten en Néerlandais, etc. Voir DE MOOR, T., “From common pastures to global commons : a historical perspective on interdisciplinary approaches to commons”, in Natures Sciences Sociétés 19, 2011, p. 424. |
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↑2 | Il s’agit du début du mouvement des “enclosures” en Angleterre, qui eut son équivalent ailleurs en Europe. |
↑3 | DE MOOR, T., “From common pastures to global commons : a historical perspective on interdisciplinary approaches to commons”, in Natures Sciences Sociétés 19, 2011, p. 428. |
↑4 | MEYER, C., Social Finance and the Commons, Thèse Défendue à l’Université Libre de Bruxelles, Bruxelles, 2017, p.43. Traduction personnelle. |
↑5 | MELE, D., « The Firm as a “Community of Persons”: A Pillar of Humanistic Business Ethos », in Journal of Business Ethics, 106(1), 2012, 89-101. |
↑6 | En réalité, il s’agit du Prix de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, souvent appelé “Prix Nobel d’Economie”. |
↑7 | HARDIN, G., “The tragedy of the Commons”, in Science, vol.162, n° 3859, Washington DC, 13 décembre 1968. |
↑8 | Pour une analyse critique des travaux d’Oström, voir par exemple HARRIBEY, J-M., « Le bien commun est une construction sociale. Apports et limites d’Elinor Ostrom », in L’Économie politique, n° 49, janvier 2011, p. 98-112. |
↑9 | BOLLIER, D., « The Growth of the Commons Paradigm . », in C. Hess, & E. Ostrom (Eds.), Understanding Knowledge as a Commons: From Theory to Practice (pp.27-40), Cambridge, The MIT Press, 2011. |
↑10 | Pour approfondir cette question, voir BOLLIER, D., & HELFRICH, S. (Eds.), The Wealth of the Commons: A World beyond Market and State, Levellers Press, Amherst, 2014 ainsi que KLEIN, N., « Reclaiming the Commons. », in New Left Review, 9, 2001, pp. 81-89. |
↑11 | Julie Ristau. A consulter sur le site “On the commons” : www.onthecommons.org/work/what-commoning-anyway#sthash.rI6ZiwdL.dpbs , consulté le 15/09/2017. |
↑12 | BOLLIER, D., & HELFRICH, S. (Eds.), The Wealth of the Commons: A World beyond Market and State, Levellers Press, Amherst, 2014. |
↑13 | BOLLIER, D., “Les communs, ADN d’un renouveau de la culture politique”, in Etopia, Oikos et Green European Foundation, Les biens communs : comment (co-)gérer ce qui à tous?, Actes du colloque du 9mars 2012, Bruxelles, p. 11. |
↑14 | FOURNIER, V., “Commoning: on the social organisation of the commons”, in M@n@gement 16(4),2013, p.433. |
↑15 | FOURNIER, V., “Commoning: on the social organisation of the commons”, in M@n@gement 16(4),2013, p.433. |