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“PNUD – Unité de lutte contre la pauvreté, Province du Nord-Kivu. Pauvreté et conditions de vie des ménages, mars 2009, p.6. ]. Ensuite, le taux de déforestation dans les Virunga, évalué à 1% par an, est nettement supérieur à la moyenne mondiale, attentant à une biodiversité déjà for…”
Le parc national des Virunga est sans aucun doute la réserve la plus menacée d’Afrique. Défiant les intérêts pétroliers et les groupes rebelles, une poignée de militants zélés se démènent pour proposer des alternatives économiques durables, et assurer ainsi la survie de ce poumon de la planète, élément essentiel de notre patrimoine naturel mondial. Un effort quotidien qui commence à porter ses fruits et doit être à la fois soutenu et relayé en Belgique.
Véritable joyau de l’est de la République Démocratique du Congo, le parc national des Virunga, créé en 1925 dans la province du Nord-Kivu, s’étend sur une surface de près de 800 000 ha et pourrait aisément prétendre à une place sur le podium des plus belles zones protégées du continent africain. Le prestigieux New-York Times ne s’y est pas trompé en le faisant figurer, en 2016, dans son top 20 des meilleures destinations touristiques du monde. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, le parc, bordé à l’est par le lac Edouard, offre incontestablement une diversité géographique et biologique impressionnante : une chaîne de volcans parmi les plus actifs d’Afrique, des paysages à couper le souffle, des steppes à la forêt dense, des savanes aux hautes montagnes, une biodiversité d’espèces végétales foisonnante et une faune endémique, parmi lesquels les très menacés gorilles de montagne.
Pourtant, la réserve fait le plus souvent parler d’elle par son actualité tragique. Dans cette région minée par une vingtaine d’années de conflits et de rébellions, les Virunga sont encore actuellement occupés par plusieurs groupes armés , qui y tirent profit d’un espace riche en ressources afin de financer leurs activités. Les affrontements y sont fréquents ; en mars 2016, ils ont à nouveau coûté la vie à deux gardes du parc . Mais la plus grande menace qui pèse actuellement sur le parc est en lien avec sa géologie. Fin 2015, les résultats d’une étude sismique ont en effet révélé la présence d’importantes quantités de pétrole en son sous-sol. Ce pétrole n’a pas manqué d’éveiller l’appât du gain des multinationales occidentales, appuyées par certaines élites locales, mettant en péril l’existence même du parc.
Depuis, le plaidoyer pour sa sauvegarde s’est mué en une lutte de chaque instant, menée sur différents fronts par ses plus ardents défenseurs. Les enjeux sont de taille : développer un potentiel économique dont pourraient bénéficier durablement des millions de personnes, et faire ainsi du parc le moteur de la croissance au Nord-Kivu, s’assurer que les besoins et revendications des populations soient pris en compte et faire en sorte que l’équilibre écologique du parc soit maintenu.
Toutefois, à Goma, ville située à l’est de la RDC, à la frontière rwandaise (voir carte) ces supposées garanties n’ont pas apaisé l’inquiétude des défenseurs de l’environnement et des porte-paroles des populations vivant en périphérie du parc. Rencontré en avril 2016 dans la capitale de la province du Nord-Kivu, Bantu Lukambo, fondateur de l’ONG « Innovation pour le développement et la protection de l’environnement » a de bonnes raisons de rester sceptique. L’activiste, auquel fut récemment décerné le prix Alexandre Soros en reconnaissance de son engagement en faveur de l’environnement et des droits humains, a été la cible de nombreuses tentatives d’intimidations et connaît bien SOCO pour avoir lui-même eu affaire à leurs manigances. Bantu s’est vu proposer vingt mille dollars, ainsi que divers avantages, en échange de la cessation de son activité militante, et d’un plaidoyer en faveur de l’exploitation pétrolière auprès de la très dynamique société civile de Vitshumbi [[Entretien mené en avril 2016. Les habitants de Vitshumbi dépendent principalement de la pêche, et sont dès lors particulièrement concernés par la protection du lac. Ces dernières années, les pêcheurs de Vitshumbi, à l’instar de ceux de Nyakakoma, village près duquel SOCO avait établi sa base en 2011, ont pris la tête de manifestations contre l’exploitation pétrolière dans le parc, et dénoncé les représailles dont ils étaient les victimes. Selon Human Rights Watch, deux d’entre eux auraient été assassinés par des soldats congolais liés à la sécurité de SOCO.]] , son village natal, situé sur la rive sud du lac Edouard (voir carte).
Selon lui, la campagne médiatique qui a suivi la sortie du documentaire Virunga a sensiblement affaibli SOCO. La chute actuelle des cours du pétrole n’est sans doute pas non plus étrangère au retrait du groupe. Ces derniers n’auraient pourtant pas dit leur dernier mot, et seraient toujours présents à Goma. Un préfabriqué sommaire, sur le boulevard Kanyamuhanga, abriterait d’ailleurs leurs bureaux. SOCO réadapterait sa stratégie et attendrait le moment propice pour revenir dans la course. Des rumeurs font état d’une rencontre quelques jours plus tôt en Ouganda, durant laquelle il aurait été question d’un partenariat avec une compagnie chinoise. Si des preuves matérielles sont actuellement difficilement réunissables, cette information nous est également rapportée par Alexis Muhima, de l’Observatoire de la Société civile congolaise pour les Minerais de paix.
Du côté des autorités du parc, le compromis concédé par WWF n’a pas non plus rassuré. Emmanuel de Mérode, habituellement imperturbable, est encore aujourd’hui furieux ; il estime que les termes de l’accord ouvrent une brèche au gouvernement congolais, susceptible de redessiner les limites des Virunga pour faciliter la prospection pétrolière . Le signal lancé par la société civile, dont le rôle dans cette affaire a été important, aurait dû être plus fort… En juin 2015, le premier ministre Augustin Matata Ponyo a de surcroît confirmé l’existence de pourparlers avec l’UNESCO à ce sujet . Or, le statut de patrimoine mondial accordé au parc en 1979 par l’institution semble être désormais la dernière caution juridique de sa préservation.
Plus d’infos :
2014, Justice et Paix, Analyse Parc National des Virunga : manne d’or contre gorilles ?
- Film Virunga de Orlando von Einsiedel, 2014, UK
- Site officiel de la Virunga Alliance : , ainsi que le dossier consacré à leurs projets
- Le site internet Save Virunga, qui donne la parole aux communautés locales qui dépendent de la survie du parc :



