Le monde est souvent secoué par des conflits apparemment insolubles, des tourbillons de désaccords et de tensions échappant à toute résolution. La discussion non violente est une composante essentielle de la démocratie, offrant un moyen constructif de résoudre les différends.
Le monde est souvent secoué par des conflits apparemment insolubles, des tourbillons de désaccords et de tensions échappant à toute résolution. Le conflit israélo-palestinien en est un exemple. Cet article explore les principes qui pourraient servir de base à la résolution de ce conflit et s’inspire de l’expérience de la Commission Vérité et Réconciliation mise en place en Afrique du Sud.
LE CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN : UN CONTEXTE COMPLEXE
L’histoire du conflit israélo-palestinien remonte à de nombreuses décennies. Des événements clés, tels que la déclaration Balfour de 1917 et la guerre israélo-arabe de 1948, ont marqué des tournants importants[1] [2]. Ils ont laissé des cicatrices profondes et ont contribué à façonner la dynamique actuelle du conflit. Des acteurs régionaux et mondiaux y jouent un rôle clé[3] [4]. Au cœur de la dispute se trouvent des revendications territoriales et nationales concurrentes, les droits des réfugiés, la question de Jérusalem, le partage des ressources, les inégalités et la sécurité. Les divergences d’interprétation de l’histoire et des droits historiques compliquent le problème.
LES FONDEMENTS DE LA DÉMOCRATIE ET DE LA PAIX
La démocratie, en tant que système politique, offre des principes fondamentaux qui peuvent servir de guide pour la résolution des conflits. La souveraineté de la Nation[5], la délibération non violente, la non-discrimination, la réduction des inégalités sociales, et le respect des droits humains sont des piliers démocratiques essentiels.
La souveraineté de la Nation, principe fondamental de la démocratie, insiste sur le droit des peuples à déterminer leurs propres destins politiques. Dans le contexte israélo-palestinien, cela se traduit par la reconnaissance du droit à l’autodétermination des deux peuples. Les négociations de paix devraient respecter cette souveraineté et œuvrer vers la création d’États viables et souverains pour les Israéliens et les Palestiniens.
La discussion non violente est une composante essentielle de la démocratie, offrant un moyen constructif de résoudre les différends. Les pourparlers de paix israélo-palestiniens ont souvent été entravés par des actes de violence, sapant la confiance et rendant la résolution du conflit encore plus difficile.
Le conflit israélo-palestinien est marqué par des accusations de discrimination, qu’elles soient basées sur la religion, l’ethnicité, ou la nationalité. La construction de la paix exige l’élimination de toute forme de discrimination, garantissant l’égalité des droits et des opportunités pour tous.
Une approche démocratique nécessite la promotion d’une distribution équitable des ressources et des opportunités, réduisant ainsi les inégalités et créant les conditions propices à la coexistence pacifique.
Le respect des droits humains est un pilier central de la démocratie et un élément essentiel de la résolution des conflits. Les négociations de paix doivent garantir le respect des droits humains fondamentaux pour tous les individus concernés. La reconnaissance mutuelle des souffrances et des droits légitimes contribue à créer une base solide pour la réconciliation.
La démocratie, avec ses principes fondamentaux, peut ainsi servir de cadre pour la recherche de la paix dans le conflit israélo-palestinien. En mettant l’accent sur la souveraineté de la Nation, la discussion non violente, la non-discrimination, la réduction des inégalités sociales, et le respect des droits humains, les efforts pour résoudre ce conflit peuvent être guidés par des principes justes et équitables.
L’AFRIQUE DU SUD COMME MODÈLE DE RÉCONCILIATION
La transition de l’Afrique du Sud de l’apartheid à la démocratie offre des enseignements précieux pour d’autres conflits, y compris le conflit israélo-palestinien.
À côté de leurs spécificités, les situations en Israël-Palestine et dans l’Afrique du Sud de l’apartheid présentent des similitudes notamment en matière de ségrégation, de discriminations, de partage inéquitable du territoire et des ressources, de manque de liberté de circuler, de déplacement de population, de violence, de répression.
L’Afrique du Sud a réussi à négocier une transition pacifique dont l’un des aspects les plus remarquables a été la création de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR). Celle-ci a permis aux victimes et aux auteurs d’atrocités de témoigner, de confesser leurs crimes et de chercher la réconciliation[6]. La CVR a joué un rôle crucial dans la guérison et la réparation.
La réconciliation en Afrique du Sud a montré qu’il est possible de surmonter des divisions profondes grâce au dialogue, à la vérité et à la justice.
La Commission Vérité et Réconciliation a été un instrument crucial pour aborder les injustices du passé. Une approche similaire pourrait être envisagée pour surmonter les divisions profondes dans le conflit israélo-palestinien.
La participation de toutes les parties prenantes, y compris les groupes marginalisés, a été essentielle en Afrique du Sud. Dans le conflit israélo-palestinien, une solution durable pourrait être favorisée par une approche inclusive impliquant toutes les parties, y compris les diverses communautés palestiniennes et israéliennes.
Les négociations directes ont joué un rôle crucial dans la transition sud-africaine. Encourager des pourparlers directs et sincères entre Israéliens et Palestiniens pourrait être un moyen de construire la confiance nécessaire à la résolution du conflit.
La transition de l’apartheid en Afrique du Sud a été caractérisée par une démarche vers une démocratie inclusive. Dans le contexte israélo-palestinien, la promotion de principes démocratiques et la garantie des droits pour toutes les communautés pourraient être des éléments clés d’une solution pacifique.
La figure de Nelson Mandela en Afrique du Sud a joué un rôle majeur dans l’inspiration et l’unification du pays. Un leadership inspirant, capable de transcender les divisions, pourrait être un catalyseur essentiel pour progresser vers la paix au Moyen-Orient.
La réduction des inégalités sociales et économiques a été un objectif clé en Afrique du Sud post-apartheid. Aborder les inégalités dans le conflit israélo-palestinien pourrait contribuer à créer un terrain propice à la coexistence pacifique.
Tout en tenant compte des spécificités de chaque contexte, il importe de considérer les principes de justice, de démocratie, de réconciliation, de dialogue et d’inclusion comme fondements de la résolution de tout conflit, y compris le conflit israélo-palestinien.
JUSTICE ET DÉMOCRATIE DANS LA RÉSOLUTION DU CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN
Pour parvenir à une solution durable, plusieurs éléments clés doivent être pris en compte. Les quelques principes généraux ci-dessous peuvent faciliter la compréhension de la manière dont la justice et la démocratie pourraient contribuer à la résolution du conflit israélo-palestinien.
Il serait utile, pour contribuer à résoudre le conflit :
- D’ouvrir le champ de la discussion et des échanges à l’ensemble des groupes, des organisations, etc. des sociétés israélienne et palestinienne et non de le limiter aux forces les plus belliqueuses,
- De se demander quelles seraient les grandes lignes d’un projet d’État et de société qui répondrait au mieux (ou en tout cas mieux que maintenant) aux aspirations tant des Israéliens que des Palestiniens (les gens en chair et en os),
- De se pencher sur la question de la réconciliation et sur celle de la délibération dans des sociétés profondément clivées,
- D’aborder la question de garanties institutionnelles, légales et autres pour garantir les droits et la sécurité de tous,
- D’aborder la question de la justice et des inégalités,
- De se baser sur la non-discrimination comme fondement du processus de transition.
Les droits humains doivent être au cœur de toute discussion démocratique sur la résolution du conflit. Cela inclut le respect des droits à l’autodétermination, à la sécurité, à l’égalité et à la dignité pour toutes les parties impliquées[7].
Les acteurs internationaux ont un rôle clé à jouer dans la promotion de la justice et de la paix. Les pressions internationales, la médiation et les efforts de la communauté internationale peuvent soutenir le processus de résolution du conflit[8] [9].
Paulin MBecke.
[1] Khalidi, W. (2007). The Iron Cage: The Story of the Palestinian Struggle for Statehood. Beacon Press.
[2] Shlaim, A. (2007). The Iron Wall: Israel and the Arab World. W. W. Norton & Company.
[3] Said, E. W. (1979). The Question of Palestine. Vintage.
[4] Farsakh, L. (2005). Palestinian Labor Migration to Israel: Labour, Land, and Occupation. Routledge.
[5] Il faut distinguer ici la souveraineté de la Nation de la souveraineté nationale. La première fait référence au fait que le pouvoir politique est censé émaner de la Nation et être responsable devant elle. Elle est un fondement essentiel de la démocratie. La seconde concerne tout régime politique, y compris autoritaire ou totalitaire et est souvent invoquée pour justifier des actes en conflit avec les droits, la justice et la paix.
[6] Tutu, D. (1999). No Future Without Forgiveness. Image.
[7] An-Na’im, A. A. (2008). Human Rights in Cross-Cultural Perspectives: A Quest for Consensus. University of Pennsylvania Press.
[8] Dawisha, A. I. (2005). Arab Nationalism in the Twentieth Century: From Triumph to Despair. Princeton University Press.
[9] Stern, Y. (2018). The Conflict Over the Conflict: The Israel/Palestine Campus Debate. SUNY Press.