C’est une crise des démocraties que vivent le Burundi et le Congo. Et, si la Communauté internationale ne maintient pas une attention privilégiée sur cette région du monde, cette dernière risque de s’embraser. Justice et Paix exige une parole politique forte de la part de nos représentants.
L’Afrique centrale doit rester une priorité pour la Belgique. Le non-respect des Constitutions locales et les violations des Droits humains fondamentaux doivent être recensés et divulgués de manière à permettre des sanctions individuelles et collectives des responsables. Si les appels au secours de la population locale ne sont pas entendus, la région risque de s’embraser. Et nous savons à quel point la Belgique est liée à cette région du monde, non seulement par nos liens historiques mais aussi de par le nombre de membres de la diaspora qui sont nos concitoyens. Au-delà d’un acte de solidarité, une action politique de la Belgique est une responsabilité.- en protégeant, première priorité, la population locale qui se trouve isolée. Rappelons que, en janvier dernier, l’Union africaine a renoncé à y envoyer une force de maintien de la paix et a préféré une position d’observateur ;
- en facilitant la mise en route d’un réel dialogue, facilité par une Union africaine légitime et crédible. Cela implique, entre autres, de rendre ce dialogue complètement inclusif, c’est-à-dire en présence des représentants de l’opposition politique et/ou armée compte tenu du contexte et des circonstances à l’origine de la crise actuelle, ce à quoi l’actuel Président se refuse jusqu’à aujourd’hui. Cela implique également de se pencher sur la question des prisonniers politiques ;
- en exigeant de l’état burundais le respect des droits humains et en permettant ainsi le retour des réfugiés, dont les responsables des ONG et associations locales ayant fui pour assurer leur sécurité. Car une des questions lancinantes qui se posent aujourd’hui est : qui reste-t-il au pays ? Et que peut-on encore dire ? À ce sujet, relevons le courage des défenseurs des droits humains restés au pays ainsi que du collectif de journalistes « SOS médias » qui, dans l’ombre, avec du matériel très basique et au dépens de leur vie, continuent à assurer une information accessible via Internet mais donc principalement accessible aux élites et observateurs internationaux. Relevons également que l’Église catholique au Burundi, par mesure de prudence, se prononce moins publiquement depuis le mois de mars (l’équipe de Justice et Paix à Bujumbura a fait l’objet de menaces de mort et une partie de ses membres a dû fuir le pays) mais essaie de maintenir un dialogue avec les autorités. Il est également important d’insister sur lla nécessité pour la Belgique et l’Europe de bénéficier des témoignages de nos partenaires locaux. Malheureusement, faire venir des membres de la société civile burundaise est devenu un vrai parcours du combattant tellement la crainte d’afflux de réfugiés a compliqué la procédure d’obtention de visa.
- Une piste diplomatique pour nos pays européens serait de travailler à un dialogue avec l’Angola considéré actuellement comme un pays allié du Burundi et acteur incontournable de par sa force militaire et économique. Bien que lui-même peu regardant sur les enjeux démocratiques, le risque de voir la région s’embraser pourrait l’encourager à avoir un rôle positif auprès du Burundi et du Congo.
- que Joseph Kabila respecte les délais constitutionnels et organise les élections. À ce sujet, une pétition [6]Actuellement plus de 1300 signatures récoltées coordonnée par les volontaires de la Commission Justice et Paix du Brabant-wallon montre à quel point la diaspora congolaise, entre autres, reste attachée au principe d’alternance au pouvoir ;
- que les responsables politiques et militaires impliqués dans les violations des Droits humains soient individuellement reconnus responsables de leurs actes, ouvrant ainsi la possibilité de sanctions pénales ;
- que la résolution 2277 adoptée le 30 mars dernier par le Conseil de sécurité des Nations Unies (pour une sortie de crise du pays) soit respectée et que le dialogue national puisse être accompagné par la Communauté internationale en vue d’en permettre la transparence et l’indépendance.
Documents joints
Notes[+]
↑1 | Voir à ce sujet l’interview de Justice et Paix sur la RTBF le 14 décembre dernier : https://www.justicepaix.be/Burundi-crainte-d-une-guerre-civile . |
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↑2 | La société civile locale, a recensé les cas de près de 813 personnes mortes entre avril 2015 et mai 2016. |
↑3 | Voir le communiqué d’Unicef de novembre 2015 au sujet des enfants au Burundi : http://www.unicef.org/french/infobycountry/media_86267.html |
↑4 | FMI en 2015 |
↑5 | Pour rappel, l’article 70 de la Constitution dit que « Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. A la fin de son mandat, le Président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu» a été interprété le 11 mai 2016 par la Cour Constitutionnelle qui permettrait au Président de se maintenir au pouvoir et ainsi de légitimer le glissement des élections. |
↑6 | Actuellement plus de 1300 signatures récoltées |
↑7 | Conférence organisée par Justice et Paix à Liège le 20 mai 2016. Voir aussi Lallemand, A (19 mai 2016). Kinshasa Papers : le Congo aussi aime les offshores ». Le Soir : https://www.justicepaix.be/Les-societes-offshore-la-face-cachee-du-pillage-des-ressources-en-RD-Congo-1215 |
↑8 | https://www.justicepaix.be/Democratie-en-Afrique-subsaharienne-depasser-les-certitudes-occidentales |