Les projets REDD+ au Mexique, une fausse solution au changement climatique
Depuis 2010, le gouvernement mexicain travaille activement à la mise en place d’un programme national REDD+ . Cette initiative internationale souhaite récompenser financièrement des pays en développement pour leurs efforts contre le réchauffement climatique provoqué par la déforestation, responsable de 20 à 25% des émissions de gaz à effet de serre selon les estimations.
Au Chiapas, plusieurs « projets pilotes » sont à l’œuvre. Sur le terrain, certaines communautés indigènes et paysannes sont payées pour conserver des forêts et/ou les reboiser. Mais aujourd’hui dans les forêts chiapanèques, beaucoup de personnes s’opposent à ce que certains appellent déjà « le plus grand projet de privatisation des ressources naturelles jamais imaginé par l’élite économique mondiale ».
Retour sur cette initiative et sur ses conséquences dans une région déjà en proie à une guerre de basse intensité. [1]
Il faut endurer plusieurs heures de piste à travers les milpas [2] et les prés des campagnes chiapanèques avant de finalement entrer dans la jungle luxuriante des Lacandons. Après seulement quelques kilomètres de végétation débordante nous arrivons à Nahà, un village lacandon où résident une quarantaine de familles.
Des hommes aux longs cheveux noirs vêtus de tuniques blanches nous accueillent et nous racontent leurs expériences autour du REDD+. [3] Ils ont été approchés par de nombreuses ONG « conservationnistes » qui souhaitent mettre en place des projets de compensation carbone, afin de « lutter contre la pauvreté tout en protégeant le climat ».
Outre les ONG, les deux derniers gouverneurs du Chiapas ont aussi mis en place des schémas REDD+ grâce auxquels ils distribuent de l’argent en contrepartie de la conservation de la jungle. Mais pourquoi un tel engouement soudain pour investir dans la préservation des forêts ?
Stefan Reinhold
Notes
[1] Centre des droits de l’Homme Fray Bartolomé de las Casas, Entre la política sistémica y las alternativas de vida, Informe sobre la situación de los derechos humanos en Chiapas durante los gobiernos federal y estatal 2006-2012, Mexique, 2012.
[2] La Milpa est une technique millénaire de culture agroécologique des trois principaux aliments consommés dans les campagnes d’Amérique Centrale : le maïs, la courge et le haricot.
[3] Acronnyme anglais pour Reducing Emissions from Deforestation and forest Degradation (Réduire les émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts)
[4] The Guardian, 24/01/13 “EU carbón prices crashes to record low”
[5] Commission Européenne - EuropAid, 2013, Country briefing on regional co-operation programmes – Mexico
[6] Le Pacte pour le respect et la conservation de la terre-mère
[7] SDP Noticias, 29/01/14, "Reconoce Manuel Velasco a guardianes de la Selva Lacandona"
[8] Otros Mundos (Amis de la terre Chiapas), 11/08/11 ¿Cómo va el enREDD+o en Chiapas ?
[9] Conseil Civil Mexicain pour la Sylviculture Durable, 30/03/14, “La Selva Lacandona, reserva del mundo : Chiapas apuesta por el futuro sustentable al entrar al mercado de bonos de carbono y metano”
[10] a Jornada, 04/05/13, "Otro fracaso : ciudades rurales sustentables"
[11] Par exemple www.desmi.org, qui « encourage la construction de l’économie solidaire favorisant l’agriculture durable, le travail collectif et le Commerce Alternatif ». Desmi est partenaire de plusieurs ONG du réseau CIDSE, dont Entraide & Fraternité en Belgique
