Le Parlement européen veut-il contribuer à mettre fin aux minerais du sang ?
Ce mercredi 20 mai 2015, le Parlement européen votera en séance plénière le règlement dit des « minerais de conflits ». L’issue est indécise, tant certains groupes politiques sont divisés.
Justice et Paix appelle les parlementaires à assumer leurs responsabilités et à faire passer l’éthique et les droits humains avant le profit.
18 mai 2015 - Le 14 avril dernier, la Commission du Commerce International (INTA) du Parlement européen a raté une occasion de lutter contre ce commerce odieux. Elle a en effet voté en faveur d’un règlement peu ambitieux, qui, s’il était adopté en l’état, anéantirait les tentatives mondiales pour assainir ce commerce meurtrier.
Dans ce texte, qui sera proposé à la plénière du Parlement européen le 20 mai prochain, un nombre très limité d’entreprises importatrices est concerné par une obligation de s’approvisionner en minerais propres (19 fonderies et raffineurs). 400 autres entreprises pourront, sur base uniquement volontaire, mettre en place une surveillance de leur chaîne d’approvisionnement.
Ce dispositif à deux vitesses, particulièrement limité, n’aura aucun impact significatif et durable sur un commerce qui alimente les conflits et les violations des droits de l’Homme.
« L’essentiel des entreprises européennes pourront continuer à s’approvisionner en minerais auprès des fonderies asiatiques, qui représentent près de 75 pourcent du marché mondial, dénonce Santiago Fischer, chargé de plaidoyer. Seule une obligation généralisée à l’ensemble de nos entreprises permettra qu’elles fassent pression sur les acteurs asiatiques afin qu’ils changent leurs pratiques. »
De plus, ce projet est restreint à quatre minerais (or, étain, tantale et tungstène). « C’est oublier qu’il y a pourtant de nombreuses autres ressources naturelles qui sont susceptibles de provoquer des exactions dans le monde, comme par exemple le cuivre, le jade et le rubis en Birmanie, mais aussi le charbon en Colombie ou encore le diamant au Zimbabwe et en Centrafrique », ajoute Arnaud Gorgemans, Président de Justice et Paix.
La Commission Justice et Paix Belgique francophone ainsi que 157 organisations de la société civile demandent une législation contraignante s’appliquant à toutes les entreprises européennes qui importent et commercialisent des minerais. Elles sont rejointes par diverses personnalités, dont le Docteur Mukwege (prix Sakharov), John Ruggie, Martin Kobler, ou encore des investisseurs. La CIDSE et plus de 145 Évêques du monde entier ont également dénoncé le manque d’ambition de la proposition de règlement.
Campagne internet de Justice et Paix, EurAC et la CIDSE
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