Au Pérou comme ailleurs, les discours s’écartent souvent des réalités. Ainsi, le Président Humala déclarait-il en juillet 2014 que « les projets miniers devaient s’effectuer dans le respect de l’environnement et de la responsabilité sociale. Et que le Pérou était fier de son Ministère de l’Environnement et des standards environnementaux élevés imposés aux entreprises ». [1]
Pourtant, en juillet de cette même année, face à une croissance en berne, le Congrès adopte la loi 30230 qui établit des « mesures fiscales, la simplification des procédures et des permis pour la promotion et la dynamisation de l’investissement dans le pays ». Les compétences du Ministère de l’Environnement sont directement impactées, notamment la possibilité de créer des zones naturelles protégées ou de mener des processus d’agencement territorial. [2] Les délais d’approbation des études d’impact environnemental sont réduits à 45 jours tout comme le mandat de l’Organisme d’Evaluation et de Fiscalisation Environnementale (OEFA) qui perd son pouvoir d’évaluation et de sanction envers les entreprises pour ne plus assurer qu’un rôle informatif. Censées réactiver l’économie, ces mesures sont prises au détriment de la régulation environnementale en place dans le pays.
Le modèle économique même du Pérou, fondé sur le secteur extractif et surtout minier, entre en tension avec la protection de l’environnement. Les cas de contamination des sols et des eaux à proximité des sites miniers sont innombrables et appauvrissent les populations environnantes. Les exemples de mines « propres » sont quasi inexistants. En effet, l’extraction des minerais nécessite des substances toxiques (mercure, arsenic, cyanure…) dont le traitement ultérieur fait défaut.
De plus, le Pérou est considéré comme l’un des pays du monde les plus vulnérables au changement climatique. Cela s’explique par la grande variété de ses climats et sa vaste biodiversité. Trente millions de personnes vivent sur la côte menacée par la montée des eaux, un Péruvien sur trois dépend des glaciers pour son approvisionnement en eau, glaciers qui ont déjà perdu un tiers de leur volume. Et 90% de la population vit dans des zones soumises à des risques de sécheresse. [3]
Le style de croissance d’un pays, ses secteurs productifs dominants et ses technologies de production ont une incidence directe sur sa contribution à la lutte contre le réchauffement climatique. En ce sens, la croissance péruvienne, en plus de ne pas être durable car fondée sur l’extraction de ressources épuisables, ne sert pas les objectifs climatiques globaux.