Toutes ces dispositions semblent promettre un accès à l’eau pour tous et partout à travers le monde. Mais est-ce réellement le cas ?
Dans les faits, malheureusement, le droit à l’eau et à l’assainissement n’est pas un droit totalement acquis et ce dans de nombreux pays. Par exemple, les politiques adoptées par Israël à l’égard du Territoire palestinien impactent la jouissance du droit à l’eau et à l’assainissement ; au Bénin, la corruption d’agents de la Société nationale des eaux entrave la jouissance du droit à l’eau ; le droit à l’eau est menacé par l’exploitation minière en Equateur ; de nombreuses écoles en Afrique du Sud n’ont pas ou peu accès à l’eau et à l’assainissement… Nous pouvons également souligner que des améliorations doivent encore être apportées à la situation… en Belgique. Le Comité se dit notamment préoccupé par les coupures d’eau et recommande que soit garantie la fourniture d’une quantité d’eau et de services d’assainissement minimales.
De plus, certains groupes de personnes semblent avoir plus de difficultés à voir leurs droits à l’eau et à l’assainissement respectés. Cela peut avoir de nombreuses conséquences sur les enfants, notamment en matière de mortalité infantile (1000 enfants meurent chaque jour de maladies découlant des conditions d’hygiène et d’assainissement – voir ODD 6) ou de droit à l’éducation des jeunes filles, qui peut être mise en péril. Selon des articles du PNUD et de l’Unicef, ceci découle, entre autres, du fait que c’est généralement aux femmes que revient la tâche de ramener de l’eau potable, se situant parfois à plusieurs heures de marche ou parce que certains parents refusent que leurs filles aillent à l’école en raison de l’absence d’installations sanitaires appropriées.
Les réfugiés et personnes déplacées dans leur propre pays peuvent également faire face à de réelles difficultés pour que leur droit à l’eau et à l’assainissement soit respecté. Face à certaines images de camps surpeuplés et précaires accueillant ceux-ci, cela n’est pas surprenant d’apprendre que ces droits qui leurs sont reconnus ne sont pas satisfaits dans les faits (voir l’article de l’UNESCO sur les exclus de l’eau).
Pour les peuples autochtones, l’accès à l’eau est étroitement lié à la maîtrise de leurs terres, territoires et ressources. Mais bien souvent, ils ne sont pas en mesure de prouver que ces terres leur appartiennent. Ainsi, comme le rappelle le GITPA – le groupe international de travail pour les peuples autochtones –, ils risquent d’être expropriés et les sources naturelles d’être exploitées par de puissantes entreprises, sans qu’elles n’aient égard aux droits des personnes y vivant depuis des générations.
Enfin, les personnes défavorisées vivant essentiellement en milieu rural constituent la majorité des personnes n’ayant pas accès à l’eau potable et à l’assainissement. Leurs logements sont rarement reliés aux réseaux de distribution d’eau et souvent dépourvus d’installations sanitaires. Dans les cas où les populations pauvres ont accès à l’eau courante, son débit est souvent réduit en période de pénurie pour approvisionner les quartiers plus aisés (voir l’article de l’OMS).
« Nous ne pourrons vaincre aucune des maladies infectieuses
qui affligent les pays en développement tant que nous n’aurons
pas gagné la bataille pour l’eau potable, l’assainissement […] ».
(Kofi Annan)