La communauté de Condoraque, fatiguée de cette situation insupportable, s’est ainsi mobilisée. Grâce aussi à l’appui d’associations péruviennes comme Derechos Humanos y Medio Ambiente et Red Muqui et au réseau international de ces dernières, le cas de Condoraque a pu être défendu en justice et être diffusé dans la presse. En 2010, ce cas parvient aux Nations Unies, à la 18ème session de la Commission pour le Développement Soutenable, où il a été présenté comme un cas emblématique d’activité minière non viable.
La communauté et les associations qui l’appuient, malgré les entraves dues à la lenteur de la justice péruvienne et aux contestations opposées par les représentants de la compagnie minière, ont réussi à récolter assez de preuves attestant de la gravité de la pollution de l’eau pour qu’un procès contre Sillustani S.A. pour contamination environnementale soit initié.
Une nouvelle phase s’ouvre, avec un processus de dialogue entre la communauté et la compagnie, afin d’établir les besoins en matière de restauration de l’environnement. Un nouveau plan de fermeture est à l’étude, avec l’appui de scientifiques de l’université de New Castle au Royaume Uni.
Le cas de Condoraque semble donc être, pour le moment, un exemple qui déboucherait sur une « fin heureuse », parmi les nombreux cas de conflits qui opposent les communautés locales et les compagnies extractives.
Ce cas nous rappelle l’importance primordiale d’appuyer, dans leur recherche de justice, les communautés qui subissent les conséquences de l’activité d’extraction, en leur donnant une voix et les moyens de faire valoir leurs droits. C’est assurément la tâche des acteurs de la société civile, des associations péruviennes comme de leurs partenaires au niveau international, ici en Belgique également.
Nombreux sont les moyens, pour chaque citoyen, de s’engager, tant individuellement que de façon collective pour que changent ces situations. Une possibilité est de rejoindre des associations qui militent pour l’application du droit humain à l’eau dans différents pays, donc aussi au Pérou. Ces organisations plaident à différents niveaux (du local jusqu’à l’Assemblée Générale des Nations unies) pour que l’eau soit reconnue comme un Bien Commun de l’humanité, essentiel pour la vie, qui réclame dès lors une protection spéciale, protection qui doit comprendre aussi le risque de contamination.
Via le site web d’une de ces associations, l’IERPE , on peut s’informer sur plusieurs initiatives, comme une « Initiative citoyenne européenne sur le droit à l’eau », la campagne pour « l’Eau Bien Commun », ou les activités du « Rés’Eau », des associations belges actives sur la problématique de l’eau.
D’autres exemples à soutenir pourraient être les organisations qui s’attachent à la mise en place de cadres légaux plus contraignants au niveau international, afin que les entreprises (et en particulier les entreprises extractives) et leurs filiales préviennent les dommages et respectent les droits fondamentaux. Ou, le cas échéant, réparent les dégâts. Les organisations membres du Réseau belge des ressources naturelles œuvrent en ce sens en Belgique.
En ce qui concerne le soutien aux communautés touchées par des pollutions minières, une action originale et accessible à tout groupe de citoyens serait de proposer aux municipalités des jumelages avec ces communautés. Dans le cadre de cette action de coopération décentralisée, ces communautés auraient la possibilité de diffuser leurs revendications à un niveau plus large, en augmentant leurs capacités de faire pression sur les autorités locales et sur les entreprises dans leurs pays.