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Alternatives en Amérique latine

RÉ-IMAGINONS NOS
ÉCONOMIES, NOS SOCIÉTÉS,
NOS MODES DE VIE.

Face aux multiples crises actuelles, un changement de modèle de développement s’impose. Pour inspirer ce changement chez nous, Justice et Paix et son groupe Amérique latine proposent de mettre en valeur des alternatives concrètes portées par des acteurs latino-américains.

Contexte

Nous vivons une période de turbulence globale. La crise de 2007-2008 a montré les fissures d’un système capitaliste en décadence. Il s’agit d’une crise à multiples facettes : au niveau économique, nous observons la fragilité de nos économies nationales sujettes aux diktats de la finance internationale. Alors que des strictes mesures d’austérité sont systématiquement appliquées en Europe et ailleurs, nous observons la multiplication de schémas d’évasion fiscale dont nos gouvernants ne font pas leur priorité. La crise est aussi sociale, car au nom de l’austérité et de la compétitivité, nos libertés citoyennes et la solidarité nécessaires pour la construction d’un tissu social sain et inclusif sont érodés. Elle est aussi écologique, car les avancements techniques et technologiques de notre ère, impulsés sous le paradigme hégémonique de la croissance, se basent sur la surexploitation de nos ressources naturelles afin de produire et de consommer toujours plus sans tenir compte des limites de la planète.

Enfin, La crise est aussi morale. Les conséquences de nos actes sont d’autant plus visibles et tangibles alors que notre monde est aujourd’hui davantage interconnecté. Les conséquences sont concrètes et pourront être vécues par les générations à venir si nous ne changeons pas de route.

Dans ce contexte, en tant que citoyens, nous sommes appelés à agir, à reprendre la démocratie et la solidarité en main pour construire ensemble une société plus inclusive et juste, ainsi qu’un nouveau narratif/discours sur le « développement », le « progrès » et la « croissance ». Il s’agit d’imaginer et de co-construire un monde qui puisse refléter la diversité, la richesse d’expériences, cultures, cosmologies et langues qui lui sont intrinsèques. Il s’agit donc d’imaginer et d’adopter des valeurs et des modes de vie radicalement différents, qui aient au centre le respect de l’environnement et des personnes.

Heureusement ces ‘brainstormings’ collectifs ont déjà commencé et nous voyons, partout dans le monde, des alternatives concrètes se mettre en place. Dans ce cadre, l’Amérique Latine représente à la fois un terrain de luttes et de résistances, ainsi qu’un lieu ou plusieurs alternatives sont explorées et mises en place au sein des communautés. De l’agro-écologie à la gestion collective et autogérée des ressources énergétiques, en passant par l’éducation populaire et des essais de démocratie directe, les semis d’un changement profond sont en cours.

En tant que volontaires du Groupe Amérique Latine au sein de la Commission Justice et Paix – Belgique Francophone, nous sommes inspirés par ces expériences et souhaitons nous engager dans ces réflexions et actions concrètes. C’est pourquoi nous avons voulu donner la parole à ces acteurs et actrices porteur.euses de discours et de projets qui s’inscrivent dans un autre modèle de développement. Un modèle plus juste, plus équilibré, plus respectueux des droits des femmes et des hommes et de l’environnement.

Découvrez les alternatives

Historique Amérique

L’Amérique latine regroupe les pays d’Amérique dont la langue officielle est une langue latine. Souvent pensée comme une ensemble homogène, l’Amérique latine présente en réalité une grande diversité tant du point de vue géographique, social ou culturel. Néanmoins, les pays de ce sous-continent partagent certaines caractéristiques, à commencer par un niveau d’inégalités très important. En effet, bien que l’Amérique latine ne soit pas la zone la plus pauvre du monde, elle présente l’un des taux d’inégalités les plus élevés. On assiste ainsi, au sein d’un même pays, à des taux de développement extrêmement différents. Les pays d’Amérique latine partagent également un processus historique dont nous exposons ici les lignes principales.

L’histoire de l’Amérique latine débute avec les civilisations amérindiennes notamment les civilisations précolombiennes les plus connues telles que les Aztèques, les Mayas ou les Incas. La rencontre de ces civilisations avec l’occident se fait de manière brutale et la colonisation espagnole et portugaise du 16ème siècle entraîne de nombreuses transformations.

D’un point de vue économique, le continent va être placé dans une situation de dépendance économique envers l’étranger, tandis que d’un point de vue culturel, l’identité indigène va devenir un critère d’exclusion sociale.

La période des indépendances

Entre 1800 et 1850, les différents pays d’Amérique latine vont prendre leur indépendance vis-à-vis de l’Espagne et du Portugal. La région, auparavant organisée en vice-royautés, va se diviser en Etats. Cette période, marquée par l’instabilité politique, voit apparaître le Caudillisme. Les caudillos (leaders politıiques et militaires) profitent du vide politique pour prendre le pouvoir et établir des réseaux clientélistes dans lesquels ils s’assurent du pouvoir politique des populations pauvres en jouant de leur pouvoir économique.

L’unification nationale des nouveaux Etats latino-américains s’avère dès lors particulièrement difficile. A l’aube du 20ème siècle, bien que la période coloniale soit révolue, les sociétés latino-américaines restent néanmoins profondément marquées par les inégalités sociales et par une culture de la discrimination. Jusqu’à la première guerre mondiale, l’Amérique latine connaît un ordre oligarchique basée sur la mise à l’écart des classes pauvres.

L’avènement de la première guerre mondiale entraîne une phase de transition.

D’un point de vue économique, les pays latino-américains connaissent une industrialisation et bénéficient de la hausse des prix des matières premières qui leur permet de mieux s’insérer dans l’économie mondiale (bien que cela varie fort d’un pays à l’autre).

D’un point de vue socio-culturel, le début du 20ème siècle est marqué par la naissance de l’indigénisme, par l’urbanisation ainsi que les nouveaux mouvements sociaux qui lui sont liés, la question agraire, ainsi que le développement de l’art et de la littérature.

Enfin, d’un point de vue géopolitique, la montée en puissance des Etats-Unis impacte fort l’Amérique latine puisque ces premiers mènent une politique interventionniste, non seulement sur les aspects économiques, mais également politiques.

La crise économique des années 30 entraine le sous-continent dans une période d’instabilité puisque la plupart des pays s’étant endettés durant la période prospère se retrouvent dans l’incapacité de rembourser leur dette. Cette instabilité a pour conséquence une vague de coups d’Etat.

Entre 1930 et 1933, l’Argentine, le Brésil, l’Equateur, le Guatemala, le Panama, le Pérou, le Salvador et le Venezuela vont connaître des coups d’Etats. C’est dans ce contexte que nait le modèle du “national-populisme” caractérisé par la présence d’un leader charismatique, un nationalisme exacerbé, la mobilisation et l’intégration des masses, des mesures redistributives, un protectionnisme sur certains secteurs couplés à une ouverture des marchés pour d’autres secteurs (e.g. Le Mexique avec Cardenas (1934 – 1940), l’Argentine avec Péron (1943 – 1955).

Au cours des années 60, les Etats Unis mettent en place une politique vis-à-vis des pays latino-américains caractérisée par un double volet : le volet réformiste d’une part, et le volet sécuritaire d’autre part. Le volet réformiste prend la forme d’un programme d’aide économique et sociale : Alliance for Progress. Ce volet va toutefois se dissiper pour ne laisser place qu’au volet sécuritaire. L’Amérique latine connaît à ce moment une période de conflictualité sociale intense issue d’une croissance économique sans véritable développement.

La période est également marquée par l’apparition de guérillas ainsi que de nombreux coups d’Etats militaires soutenus par les Etats-Unis qui ne veulent pas que l’expérience de la révolution cubaine de 1959 ne se généralise. S’ensuit la période autoritaire durant laquelle les dictatures militaires font usage de la violence dans tous les domaines de la vie. On peut citer, à titre d’exemple, le Pérou avec Velasco Alvarado (1968 – 1975), la Bolivie avec Hugo Banzer (1971 – 1982), le Chili avec Augusto Pinochet (1973 – 1990).

A partir des années 1979, les pays ayant vécu sous dictature vont entrer dans un processus de transition démocratique. Néanmoins ces transitions s’accompagnent de grandes incertitudes puisque la consolidation de la démocratie nécessite l’intégration des différentes forces politiques.


La consolidation de la démocratie a lieu en même temps qu’un processus de libéralisation économique. En effet, la crise de la dette des années 80 va marque l’épuisement de l’industrialisation latino américaines et révéler les limites de l’Etat interventionniste. Le FMI et la Banque Mondiale vont alors imposer la mise en place de réformes néolibérales sévères afin de permettre le retour à une économie de marché.


Toutefois, ces réformes néolibérales vont faire face à une vague de contestations populaires qui précédera l’avènement de nouveaux régimes politiques au tournant du XXIème siècle.

Les années 2000 sont caractérisées par le « virage à gauche ». Plusieurs présidents de gauche sont élus, c’est le cas de Lula au Brésil (2002), Kirchner en Argentine (2003), Morales en Bolivie (2005), Vázquez en Uruguay (2005), Correa (2006), Lugo au Paraguay (2008), ou encore Chavez au Venezuela (2008). Il faut toutefois préciser que les formes politiques adoptées par les différents pays sont multiples, cependant elles partagent deux objectifs fondamentaux: la volonté de réduire les inégalités sociales et l’utilisation instrumentale de l’Etat pour atteindre le premier objectif.

Ces nouveaux gouvernements s’opposent dès lors aux politiques néolibérales instaurées depuis les années 80. En augmentant le prix des matières premières, ces pays parviennent à augmenter leurs recettes d’exportations et à mettre en place des politiques sociales. Le redressement économique et social de ces pays permet aux gouvernements de se faire réélire. Cependant, une fois que la croissance économique a ralenti, en grande partie à cause de la chute du prix des matières premières, entraînant la temporisation des progrès sociaux, la popularité de ces gouvernements a chuté.

L’interruption du virage à gauche s’explique notamment par les limites du modèle de développement néo-extractiviste adopté par ces pays, ainsi que par les limites de l’Etat centralisé dirigé par des leaders charismatiques dont la succession s’avère difficile. Malgré les progrès de ces dernières années, l’Amérique latine reste minée par les inégalités et les gouvernements progressistes devront, pour l’avenir, trouver comment dépasser les limites du modèle extractiviste.

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