UE et Libye : complices de graves violations de droits humains
Fin 2017, une vidéo de CNN montrant des migrants d’Afrique subsaharienne vendus aux enchères sur un marché d’esclaves en Libye avait suscité l’indignation de la communauté internationale et permis de faire la lumière sur le calvaire que vivent les centaines de milliers de migrants en Libye. Ce drame humain n’est pourtant ni nouveau ni inconnu. Mais comment peut-on encore parler d’esclavage en 2018 ? Et comment avons-nous pu en arriver là ? Analyse.
- Crédits :
- REUTERS Stefano Rellandini
Célia Nsele et Agathe Smyth
Notes
[2] Depuis 2011, l’UE a alloué plusieurs millions d’euros à la Libye. Suite au plan d’action de la Commission européenne pour soutenir l’Italie, présenté le 4 juillet 2017, une nouvelle enveloppe de 46 millions d’euros a été débloquée pour renforcer les capacités des autorités libyennes en matière de gestion intégrée des migrations et des frontières. Au total, 136 millions d’euros ont été engagés en faveur de la Libye au titre du fonds fiduciaire depuis janvier 2017. D’après des ONG, par peur de représailles, l’actuel gouvernement libyen paierait les groupes armés présents dans le pays. D’une certaine manière, l’argent de l’UE irait donc dans leurs poches.
[3] Le Haut Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU n’a pas non plus hésité à qualifier d’inhumaine la coopération de l’UE avec la Libye pour endiguer le flux de migrants en Méditerranée.
[4] Le règlement de Dublin impose au premier pays d’accueil (donc d’entrée sur le territoire de l’UE) d’examiner la demande d’asile. Il fait ainsi peser une responsabilité énorme et disproportionnée aux pays méditerranéens par lesquels arrivent les personnes migrantes. Bien que réclamée par les États du Sud de l’Europe, sa réforme est pour l’instant toujours vivement rejetée par d’autres États, notamment ceux d’Europe centrale et de l’est.
