Nos droits sociaux, et en particulier le droit au logement, sont sacrifiés au profit d’un système néolibéral que nous devons remettre en question. Aussi, pour lutter contre la précarité, il faut remettre en cause ce système et, de manière indissociable et complémentaire, proposer des pistes pragmatiques.
Ces propositions sont adressées :
- Aux citoyens, notamment à ceux qui vivent la précarité, car ils connaissent cette situation de l’intérieur et savent quelles pistes sont à mettre en œuvre en priorité. Aux autres, en sollicitant également leur collaboration et leur solidarité concrète qui passe par le civisme fiscal et, pour les plus aisés, par une simplicité de vie plus grande permettant le partage volontaire de leurs ressources. C’est à ce prix que nous vivrons tous dans des conditions plus respectueuses des droits humains fondamentaux.
- Aux pouvoirs publics car il en va de leur responsabilité de gérer la cité afin de lutter contre la précarité entre autres et afin de garantir les droits humains fondamentaux tel que le logement.
- À l’Eglise catholique, en se référant à la Doctrine sociale de l’Eglise et à ses principes de justice et de solidarité notamment, concernant les biens propres qu’elle pourrait mettre à la disposition des personnes précarisées.
Voici donc deux propositions à portée générale et d’autres plus concrètes relatives à une meilleure mise en œuvre du droit au logement :
1. Dénoncer les spéculateurs qui abusent du système capitaliste comme responsables de la précarité
Bien souvent, ce sont les personnes précarisées elles-mêmes qui sont pointées du doigt comme responsables de la pauvreté ou des crises économiques et politiques. Refusons de désigner les précarisés, les chômeurs, les personnes issues de l’immigration, les femmes, les jeunes,… comme boucs émissaires des crises économiques et politiques. Les vrais responsables sont les spéculateurs malhonnêtes et les égoïstes.
2. Remettre l’économie et la finance à leur place : au service de l’humain
La finance doit être mise au service de l’économie, l’économie au service de la vie sociale et la vie sociale au service de l’humain. [12]Ceci doit être l’objectif de l’organisation politique. Concrètement, au moment d’élaborer les budgets aux niveaux fédéral, régional ou communal, les élus doivent mettre tout ce qui est possible en œuvre pour l’accomplissement des droits humains, et entre autres pour le droit au logement, et les électeurs doivent activement faire connaître aux candidats aux élections leur souci de justice sociale.
3. Rappeler que le logement est un droit fondamental pour toutes et tous et le rendre effectif
Le droit au logement est explicitement reconnu par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (art.18 et 25 notamment) et la Constitution Belge (art.23) ainsi que par la Charte Sociale Européenne (art.31) et le Pacte International relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (art.11). Le droit au logement doit être garanti à toutes et tous, sans distinction d’origine, de nationalité, de convictions religieuses ou philosophique, de genre, de statut social ou d’âge.
4. Accroître l’offre de logements publics et prioritairement sociaux
Les associations spécialistes réclament le maintien et le développement des logements publics, et parmi ceux-ci des logements sociaux. Nous soutenons cette demande essentielle. Il faut soutenir cet accroissement tant à la ville qu’à la campagne. [13]De plus, il relève de l’autorité civile de veiller à ce que les maisons sociales soient effectivement occupées par des personnes pour lesquelles il s’agit d’une nécessité.
5. Les immeubles à l’abandon doivent être réaffectés
Une loi fédérale permet aux communes de réquisitionner les bâtiments insalubres pour rénovation, la gestion en étant confiée à une Agence immobilière Sociale.
6. Moderniser les logements en vue d’économiser l’énergie
L’isolation obligatoire peut diminuer les charges énergétiques des locataires, mais il faut éviter que le coût des travaux d’isolation augmente le montant des loyers.
7. Diversifier les noyaux d’habitat afin d’éviter la ghettoïsation des quartiers
Favoriser la mixité sociale et culturelle dans tous les quartiers.
8. Soutenir les initiatives citoyennes de proximité en matière de logement, telles les maisons de quartier dont certaines offrent des services qui améliorent le bien-être des personnes précarisées. En exemple, la Maison des Berlurons, une maison de quartier à Grâce-Berleur dans la banlieue de Liège, un lieu de rencontres et d’échanges, entre cultures et entre générations. Un lieu de formation, d’alphabétisation, de potager collectif, et un espace « bien-être ».
9. Poursuivre l’affectation des biens d’Eglise qui ne sont plus utilisés à l’habitat social et aux projets sociaux et aux équipements collectifs. Cette opération est actuellement réalisée notamment par le projet Bethléem initié dans le diocèse de Malines – Bruxelles. Ce projet est mené en collaboration avec les AIS, agences immobilières sociales. A Bruxelles et dans la province de Liège, plus de 50 biens d’Eglise ont été affectés à l’habitat social, il faut continuer ! [14]