Cerro de Pasco est considérée comme une des villes aux conditions de vie les plus difficiles, non seulement à cause de l’altitude et du climat, mais surtout à cause des effets négatifs et irréversibles de l’exploitation minière. En effet, celle-ci a des conséquences terribles pour l’environnement et la santé de la population aux alentours.
Les deux lagunes Quiulacocha

et Yanamate près de Cerro Pasco symbolisent bien la catastrophe écologique provoquée par l’extraction minière dans la région. Ces zones naturelles, essentielles à l’équilibre de l’écosystème andin, ont été polluées par les eaux usées de l’usine de traitement des minerais [4]. Les métaux lourds - l’arsenic, le cadmium, le chrome, le cuivre, le fer, le manganèse, le plomb et le zinc - trouvés dans l’eau sont supérieurs aux normes nationales et internationales. Le fer, le manganèse et le zinc par exemple dépassent respectivement approximativement les limites de 6000, 2200 et 197 fois leur niveau de garde, au-dessus duquel il y a des dommages à l’environnement et des risques pour la santé [5]. Elisabeth Perez, la représentante de l’ONG Labor que nous avons rencontrée nous a expliqué que « l’eau est devenue très acide (avec un pH respectif de 2.5 et 1.7, soit 50 000 fois plus acide que le pH neutre). La vie aquatique a ainsi disparu et la biodiversité reste très affectée. Les rives des lagunes ne disposent d’ailleurs d’aucune barrière ou mesure de sécurité pour les hommes et les animaux. Et le petit bâtiment construit sur la rive de la lagune, censé traité les eaux, n’est pas fonctionnel. Il n’existe donc actuellement aucun système de traitement ni de canalisation des eaux ».
Le bassin des fleuves Tingo, San Juan (du pont Yurahuanca au lac Chinchaycocha à Junín) et la partie inférieure du bassin de la rivière Huallaga présentent tous des niveaux élevés de pollution. La vie de centaines de milliers de personnes dépend ainsi de ces fleuves pollués à la source. Les activités minières d’autres mines (El Brocal, Atacocha, etc.) aux environs aggravent encore la situation [6]. La présence d’éléments toxiques et cancérigènes y est très préoccupante, notamment en raison de l’utilisation de ces eaux tant pour l’agriculture et le bétail qu’à des fins domestiques. Ceci explique d’ailleurs que l’élevage ait drastiquement diminué, aussi bien quantitativement (d’environ 30 à 35%) que qualitativement (les animaux sont plus maigres et malades). La population souffre ainsi d’insécurité alimentaire ainsi que d’un stress hydrique [7] à certains endroits (à Cerro de Pasco par exemple l’eau est rationnée à une heure par jour).
Rappelons que l’eau, ressource naturelle vitale, est mal répartie au Pérou. En effet, environ 97,7% de l’eau qui naît dans la Cordillère des Andes va vers l’Amazonie, tandis que seulement 1,7% va vers la côte [8]. Ces sources d’eau sont donc précieuses.
Enfin, les personnes rencontrées témoignent des difficultés croissantes liées au changement climatique. Selon Alberto Maurizio, Trésorier de la municipalité de Quiulaocha « Alors qu’avant il y avait de l’eau partout, la région souffre désormais de sécheresse et du froid. Une partie de la population n’a ainsi pas d’autre choix que de migrer vers d’autres villes (par exemple à Huancayo). »
Les droits à un environnement sain, à une eau potable et en quantité suffisante, à une alimentation saine et sans substance toxique, pourtant fondamentaux, sont donc clairement violés à Cerro de Pasco et dans la région. L’ONG italienne Source International, qui a mené des études dans la ville, n’hésite d’ailleurs pas à qualifier la situation de crime environnemental, de crime contre les ressources naturelles selon la Loi péruvienne n° 29263 et de crime contre l’humanité.
Les passifs environnementaux sont les résidus d’une activité extractive qui constituent un risque permanent ou potentiel pour la santé humaine et l’environnement. Selon le Vice-ministre de l’énergie et des mines péruvien, il y a actuellement plus de
8 000 passifs environnementaux minierset plus de 3 500 en hydrocarbures au Pérou . Il est donc urgent de déterminer qui est responsable de leur traitement.